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Au gré de la vague

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VAGUE DE JAZZ 2016

Ikui Doki

Instrumentation insolite d’un trio atypique, basson aux “grooves” de contrebasse, saxophone velouté ou ténor aylérien aux cris déchirants, harpe guitare percussive, Sophie Bernado, Hugues Mayot et Rafaëlle Rinaudo, inventent une musique créative, évoquant la rencontre de Steve Reich biberonné à Debussy, profond blues lancinant, douce valse modale enivrante, trio puisant son inspiration dans les musiques contemporaines européennes, entrant en collision avec les ardeurs afro-américaines du free-jazz et les musiques improvisées.

Emile Parisien, Vincent Peirani, Michel Portal

Orgue à bretelles soufflant, frémissant, rugissant, pulsant rythmes et tempo tournoyants, fondation du trio installant des nappes vibrantes, au-dessus desquelles clarinette basse et soprano virevoltent, exposant des thèmes envoûtant, unissons frénétiques, vélocité endiablée, chant subjuguant, chorus fulgurants, claquements d’anches ” free sonnant “, le trio Parisien, Peirani, Portal, tourbillon musical, enflamme le jardin du tribunal, sous l’ovation d’un public, acquis à sa cause.

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Duo Théo Ceccaldi Louis Sclavis

Perpétuellement en recherche de folklores imaginaires, Louis Sclavis lance des bribes de thèmes aux résonnances slaves, aux échos de chants amérindiens ou médiévaux, Théo Ceccaldi enroulant comme un lierre les cordes de son violon autour de la clarinette basse, ponctuant de pizzicatos, les ” grooves ” graves de l’ébène, ou répondant aux vifs crescendos de Sclavis, avec une fougue enfiévrée, sa chevelure de feu caressant frénétiquement le bois de son alto, dans ce duo inspiré, improvisant sans retenue, et non sans humour, dans de courtes compositions instantanées.

Duo Fidel Fourneyron Florian Satche + Valentin Ceccaldi et Gabriel Lemaire

Sous la chaleur campagnarde du marais, la barque avance lentement sur un canal, poussée sur les eaux immobiles par un rameur solitaire, révélant une atmosphère de bayou louisianais, de bras calme du Mississippi, d’où montent le chant d’un trombone swinguant, porté par la pulsation des balais sur les peaux, lieu insolite pour les improvisations d’une grande fraîcheur de Fidel et Florian, flottant à fleur d’eau, en ballade jusqu’au ponton, où Valentin et Gabriel les attendent, pour transformer leur duo en quartet ” cool “, évoquant Paul Desmond.

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Atomic Spoutnik

Enfant vieillard né du cosmos, perdu dans ses rêves au milieu des humains fous, André Robillard apparaît sous un halo de lumière, égrenant le temps de clous tombant dans un seau métallique, tel un petit poucet tracerait son chemin, pour retrouver sa route dans les étoiles, cherchant ailleurs mystère et amour, fuyant cette humanité, aussi féroce que cruelle.

Petit homme s’échappant à bord d’un Spoutnik Atomique, piloté par Valentin Ceccaldi et son équipage de musiciens, astronautes aventureux, mêlant poésie, apesanteur musicale, énergie rock nucléaire, fulgurances ” free “, déferlantes percussives, il traverse l’espace et les images vidéo oniriques de Jean-Pascal Retel, nous laissant au bord des larmes, devant l’intensité émotionnelle de cette danse avec Robin, rencontre fraternelle d’un nain extra-terrestre et d’un humain pacifiste, au milieu de cet oratorio d’une puissante beauté sauvage.

Leila Martial Valentin Ceccaldi

Du murmure jusqu’au cri, du chuchotement à la plainte lancinante, d’unissons vibrant fusionnant cordes vocales et cordes du cello, le duo Leila Martial et Valentin Ceccaldi, habité d’une passion commune, invente un dialogue frémissant, possédé dans une sorte de douce transe tribale, faisant échos à un chant ancestral familier, que l’on entend pour la première fois, subjugué.

Joëlle Léandre Tentet “Can you hear me ? “

Hurlement de colère comme un appel au sursaut, à la prise de conscience au milieu des léthargies musicales sclérosées, «  Howl », comme un cri de révolte rageur à la Ginsberg, un acte de foi et de partage avec une jeune génération d’improvisateurs en appétit d’apprendre, de découvrir, cri solitaire au milieu des murmures, provocation rebelle, cri d’amour, pour que l’on entende sa voix singulière, guidant le souffle des vents, propulsant une souple pulsation rythmique, soudainement fracturée d’éclats percussifs, incantation guerrière, portée par de vifs crescendos d’archets sur cordes, grave contrebasse, grondements, grognements, grincements subversifs, craquements de pas, chuchotements de voix, pâte sonore élastique du tentet, étirée, modelée, vrillée, malaxée, Joëlle Léandre, ogresse dévorant des milliers de sons libres, surprend encore une deuxième fois, avec cette nouvelle version de son oeuvre ” Can you hear me ? “, composition majeure aux échos de requiem saisissant, pour cette immense musicienne, pratiquant le plus souvent l’improvisation instantanée, où elle oublie tout pour renaître dans un solo, ou dans l’échange aussi intense qu’intime d’un duo, d’un trio ou d’un quartet, avec la fleur de sel d’artisans de musiques créatives, ou comme ici, avec la fraicheur inventive de jeunes partenaires, compagnons musicaux transcendés aux côtés de cette femme, combattante irréductible, brûlant au coeur de la musique.

Christian POUGET, textes et photos

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