
actu du mois
relaye le Manifeste des Sons Fédérés
jazzin.fr
Manifeste
Par plus de cent-soixante artisan·es de la radio, de l’écoute, de la critique et de la création sonore, initialement réuni·es en assemblée générale à Brest le 9 février 2020, à l’occasion du festival Longueur d’Ondes. Les signataires sont investi·es dans les structures suivantes, sans que cela n’engage la signature de ces dernières :
Acentrale, Addor (Association pour le développement du documentaire radio et de la création sonore), Arte Radio, Asu (Association sonore et utopique), dB (Dixième de Bel), Canal Sud, Le Caso (Collectif des autrices et auteurs sonores d’Occitanie), La CNRA (Confédération nationale des radios associatives), Compagnie Ondas, Le Creadoc, L’École Louis Lumière, Espaces Sonores, Faïdos Sonore, Fair_Play, France Culture, France Inter, Fréquence Paris Plurielle, Jef Klak, JetFM, Le Bruitagène, Nova, Phaune Radio, ∏node, rAAdio cAArgo, Radio Campus Paris, Radio Déclic, Radio Dedans Dehors, Radio Escapades, Radio Fañch, Radio Pikez.
Nous sommes là.
Nous existons. Nous sommes à l’écoute du monde. Nous sommes les artisan·es de la création sonore et radiophonique, du documentaire, de la fiction, du field recording, des balades sonores, du hörspiel, des dispositifs acousmatiques, de l’art radiophonique, des ateliers sonores, des écoles sonores, de l’écoute, des formations à la radio et à la création sonore, de l’éducation aux médias radios, de la critique sonore et radiophonique, de l’audionaturalisme, des reportages, des entretiens, des mille formes diffusées à la radio, en podcast, en flux, dans les musées, dans l’espace public, au théâtre, sur internet, dans de multiples endroits et sous de multiples formats. Nous sommes ensemble, riches de nos diversités. Toutes nos pratiques fabriquent du commun et nous sommes fier·es d’y contribuer.Nous sommes cependant fragiles. Ce que nous produisons n’est que très rarement rémunéré à la hauteur du temps, de l’énergie et des savoir-faire engagés. Salarié·es, pigistes, intermittent·es, autoentrepreneurs·euses, auteurs·trices, artistes ou bénévoles, nous demeurons précaires et devons bien souvent tisser des formes de vie complexes entre plusieurs métiers. Nous assistons à la destruction des services publics et du mutualisme, soit de toutes les formes de solidarité les plus essentielles. Nous assistons aussi à la répression de toute contestation, à l’extinction de la critique, à l’appauvrissement des débats publics et de la démocratie. Nous inventons, ensemble et chacun·e à notre niveau, des flux hertziens, des programmes, des émissions, des installations sonores, des moments d’écoute et de partage. Nous amplifions l’écoute et la compréhension de ce monde. Nous sommes tout autant déterminé·es à en faire résonner les violences et les fragilités que les beautés et les solidarités.
Nous refusons l’industrialisation de nos métiers, de nos sons, de nos oreilles.
Nous sommes très heureux·ses de voir combien ces univers sonores attirent de nouvelles personnes, toujours plus diverses. Quelles que soient leurs connaissances techniques ou esthétiques, nous ouvrons nos oreilles à ces nouveaux possibles qui surgissent et tentons d’en être les passeuses et les passeurs. Mais aujourd’hui, nous sommes inquiet·es face à la montée en puissance de ce que nous nommons le podcast industriel, à savoir les structures de production et de diffusion (au premier rang desquelles des studios privés et des radios publiques) qui se saisissent du son de façon comptable, pour en détruire tout ce qu’il fabrique de commun : modèle consumériste de la production sonore, réduction drastique des temps de captation comme de montage, recours massif à des banques de sons, centrage sur le discours efficace aux dépens de l’immense “reste” de la voix et du sonore, confusion entre formats publicitaires et journalistiques, quantification de l’écoute des auditeurs et des auditrices… Nous constatons dans ce milieu un appauvrissement de l’écriture sonore, ainsi qu’une récurrente méconnaissance de l’histoire de la radio et des expressions sonores les plus diverses, comme de leurs acteurs et actrices. Sans parler de l’abandon manifeste du travail sonore, comme si un siècle de recherche sur la narration et la musicalité des sons n’avait pas existé.
Nous refusons de laisser s’installer sans honte l’ignorance volontaire, le mépris délibéré pour l’histoire et le désintérêt organisé pour un immense patrimoine sonore et une multiplicité de formes vivantes en construction depuis mille lieux distincts. Ce ne sont pas les salarié·es, les pigistes, les intermittent·es, les auteurs et autrices du podcast industriel que nous désignons, mais les outils, les moyens, les cadres et les objectifs de production fixés par les structures qui les emploient ou par l’autoentreprenariat. Face à la standardisation de l’écoute qui en découle, nous affirmons et défendons une culture sonore protéiforme.
La création et l’innovation sonores sont des services publics.
Alors que le secteur du podcast industriel explose, nous observons que la puissance publique se retire et que le secteur associatif est déstructuré. Cela a des conséquences importantes en terme de richesse dans les écritures sonores, dans la manière collective de travailler, mais aussi et surtout dans l’adresse aux auditeurs et auditrices. Un très grand nombre d’heures de documentaires de création ont disparu du service public ces dernières années et les podcasts dits “natifs”, en l’absence d’une politique engagée en faveur du temps long, de la recherche, de l’expérimentation et de l’écoute commune, ne viennent pas combler ces déficits grandissants. Les moyens de productions donnés aux autrices et auteurs sont si réduits que les missions ne peuvent être effectuées que par un farouche amour du service public.
Ce sont aussi, de manière sourde, des micros tendus qui disparaissent, des minorités que l’on n’entend plus, des mondes qui ne sont plus écoutés. Cette mission relève en partie des médias locaux de proximité que sont par exemple les radios locales associatives et un nombre croissant de webradios aux formats très variés. Il est nécessaire de se prononcer pour un projet de société où ces caisses de résonance locales puissent aussi continuer à porter la parole de celles et ceux qui sont peu présent·es dans les flux mainstreams. Ceci d’autant plus que la standardisation des formats d’écriture sonore au profit d’une manière de raconter des histoires centrée sur une voix narrative (storytelling promu par le podcast nord-américain) contribue à une sur-représentation de certaines thématiques et classes sociales. A contrario, l’écoute des radios associatives non-commerciales ou des webradios indépendantes donne à entendre la tentative de bâtir en actes une véritable démocratie sonore, où chacun·e, indépendamment de son niveau de richesse ou de rhétorique, peut prendre la parole et où le sonore dans toute sa variété trouve sa place.
Nous nous réunissons au sein des Sons Fédérés, assemblée des artisan·es radiophoniques et sonores, car nous voulons retrouver les moyens d’avoir le temps et l’espace nécessaires pour développer une création sonore protéiforme, élaborée, libre, artisanale…
Nous voulons un autre son du monde et de la politique.
En matière de création sonore, tout se passe aujourd’hui comme si presque un siècle de politiques culturelles n’avait pas existé. Fragilisation du service public audiovisuel par une baisse de la redevance en forme de simple manœuvre de communication, mépris pour la grève historique de Radio France tant au niveau de sa direction que du Ministère, absence d’interlocuteurs et d’interlocutrices soucieux de dialogue et de construction conjointe. La notion de commun semble dissoute. Nous faisons face à des personnes qui scandent des éléments de langage hors-sols, qui ne connaissent pas l’histoire de la radio et des expressions sonores dans leur multiplicité, qui organisent la coupure entre un monde fertile et vivant et un monde sans espace critique ni profondeur. C’est une volonté politique. Nous ne sommes pas dupes d’une telle négligence à notre égard et à l’égard du monde auquel nous tendons nos micros. Il s’agit d’une violence politique, institutionnelle et organisée. Nous en refusons la brutalité. Nous avons la ferme volonté de travailler, avec d’autres, à déterminer une politique culturelle de toutes les expressions sonores.
Nous voulons une autre politique du son – de sa création, de sa diffusion, bref de sa place dans la formation démocratique – mais nous voulons aussi un autre son de la politique. Pas la politique dans sa version managériale et sécuritaire, aujourd’hui dominante, mais la politique comme questionnement sur notre façon de nous organiser collectivement. Que les beautés, les fragilités, les solidarités, la gratuité et le partage que nous travaillons à amplifier ne deviennent pas des objets industriels appauvris et produits en série. Qu’au contraire, ils demeurent possibles.
Nous voulons que résonne un autre son du monde.
Les Sons Fédérés
Assemblée des artisan·es radiophoniques et sonores
https://sons-federes.org
Notre dernier podcast en ligne:
- Caravan #100Pour ce 100° numéro, le magazine Caravan vous offre une édition spéciale "Jazz à Junas" riche en interviews et découvertes à dominante "british". Caravan vous invite aussi à découvrir les programmes de Jazz à Luz et Millau Jazz festival, tout à la fois innovants et festifs. Voila pour vous mettre dans l'ambiance d'un été que […]JPG
Nos dernières chroniques de disques:
-
Mary, Noël, Bill et les autres ...
July 2, 2022 -
Bopp/Freboeuf/Lasserre "Espèces d’espaces"
June 18, 2022
Les actus d’Occijazz
- Recrutement coordinateur·trice 27 juin 2022
- Lancement de l’agenda Occijazz 26 juin 2022
- Sans titre 26 juin 2022
- La saison itinérante 2022 25 mai 2022
Nos derniers articles:
-
RhinoJazz(s) 2022
July 7, 2022 -
Les Émouvantes 2022
July 6, 2022 -
Anglet Jazz festival 2022
July 5, 2022 -
Festival des vents 2022
July 4, 2022
A la une des Allumés du Jazz
- RENCONTRES MUSICALES ARCHIPELS A CHATEAUNEUF SUR CHARENTE24 - 25 JUIN - Place du vieux marché - Chateauneuf Sur CharenteRENONTRES MUSICALES ARCHIPELS (*)CONCERTS GRATUITS ET ROND POINT DES ALLUMES "LA MUSIQUE ENCOMBREE" : LES MUSICIENS FACE AUX "BULLSHIT JOBS"(*) Archipels est la compagnie de Dominique Pifarely
- JEAN-LOUIS COMOLLI NOUS A QUITTE..."Alors que la musique renvoie le drame à l'intérieur des corps et des âmes, entre des forces invisibles, la mise en scène balance tout à l'extérieur, dans le trop-plein du visible."* Jean-Louis Comolli, on l'aura rencontré par le cinéma, par la musique (le jazz) ou par l'engagement, scrutant, la tête la première, ce qui se loge dans les parois du réel. Avec […]
- POUR UNE REPUBLIQUE DE LA MUSIQUE (TOUS POUR LA MUSIQUE)Pour info et ce malgré l'absence remarquable de citations de musiciennes et musiciens de jazz et autres musiques satellites....La musique entre en campagne. Dans cette période électorale, il y a tant d’oppositions entre les cultures, si peu d’union pour la Culture. On parle d’une société fracturée : peut-on encore s’écouter ? La musique est la […]
- CHANGER LE MONDE, UN FILM DE FRANCK CASSENTIChers Amis,Vous avez été nombreux à participer à l’aventure de la production et de la diffusion du film CHANGER LE MONDE, en tant qu’artistes, techniciens, co-producteurs pour son financement, bénévoles, exploitants et bien sûr spectActeurs. Lors des projections, j’ai eu la joie de recevoir les témoignages enthousiastes du public et de débattre sur la place essentielle des […]
- JEF SICARD POUR TOUJOURS !Photo Jean Michel JarillotLe saxophoniste – polyinstrumentiste Jef Sicard est mort le 12 novembre 2021Jazz MagazineJEF SICARD POUR TOUJOURS"Il était saxophoniste alto comme Charlie Parker sur les thèmes duquel il aimait s’échauffer, mais jouait aussi du soprano ainsi que de la clarinette basse, comme Eric Dolphy auquel il dédie Dolphylaxie sur son dernier disque ; plus toutes sortes […]
Les évènements des Allumés du Jazz
- JAO - JAZZ A OPEDE 1 et 2 JUILLET 2022UN NOUVEAU FESTIVAL DE JAZZ A OPEDE les 1er et 2 JUILLETUne joyeuse et musicale célébration des sens en plein coeur de l’été, dans un village où habitants et oiseaux de passage partagent, toutes oreilles ouvertes, musique vivante, goûts et parfums des champs. Une fête d’un espace et d’un temps, les pieds dans l’herbe, entre […]
- FRANÇOIS CORNELOUP - Mini-concert solo et dédicaceLe label Jazzdor Series se consacre en 2022 aussi à l’édition, et publie SEUILS. Ce recueil de photographies se parcourt comme un album de famille qui met en lumière les connivences musicales du musicien-photographe François Corneloup à travers une galerie de portraits ponctuée par la prose vivace du producteur-artisan Jean Rochard. Rendez-vous vendredi 13 mai […]
- DISQUAIRE DAY - 23 AVRIL 2022Cette année bien sûr, Les Allumés du Jazz participent au Disquaire Day, l’événement international ! Le Disquaire Day, qu’est ce que c’est ? La fête des disquaires, l’occasion de soutenir de façon plus marquée les disquaires comme les maisons de disques indépendantes. En plus de l’extraordinaire fond plein de vigueur grâce aux disquaires, c’est aussi l’occasion de […]
- LE FONDEUR DE SON INVITE NATO - ANIS GRAS / ARCEUIL 1er AVRILLe Fondeur de Son a, ces derniers jours en un geste joyeusement impulsif, invité nato pour une soirée Commune à Arcueil le 1er avril.Une bonne occasion de trouvailles et retrouvailles pour ces deux labels actifs aux Allumés du Jazz !1er AVRIL - 19HANIS GRAS - LE LIEU DE L'AUTRE55 avenue La place 94110 ARCEUIL01 49 […]
- RENCONTRE MUSICALE - Pauline Owczare et Peter OrinsVenez rencontrer et écouter Pauline Owczarek et Peter Orinsjeudi 10 mars 2021, à 19h00 2 rue de la Galère, 72 000 Le Mans !À l'occasion de la sortie du disque "You never know" de Paulina Owczarek (saxophone alto) et Peter Orins (batterie) sur le label Circum Disc en octobre 2021, les deux artistes vous proposent de découvrir […]

Retrouvez les Allumés du Jazz sur leur site https://www.lesallumesdujazz.com/
Publications récentes
- RhinoJazz(s) 2022
- Les Émouvantes 2022
- Anglet Jazz festival 2022
- Festival des vents 2022
- Mary, Noël, Bill et les autres …
- Kind of Belou 2022
- Juillet 2022
- Caravan #100 – juillet
- Jazz à St Remy 2022
- Bopp/Freboeuf/Lasserre “Espèces d’espaces”
- Avignon Jazz Festival 2022
- Benjamin DUBOC & Ensemble ICOSIKAIHENAGONE
- Le retour de David MURRAY
- Slim Abida “Asymétrie”
- Jazz à Oppède
- Juin 2022
- Caravan #99 – juin
- Camille EMAILLE au festival Delco
- Arles 2022, retour vers le futur
- Jazz à Foix 2022
- Jazz à Junas 2022
- THE REMOTE VIEWERS “Let the City Sleep”
- L’avenir en héritage / Myra Melford Fire & Water quintet
- L’avenir en héritage / Prospectus
- Jazz à Vauvert 2022
- Roscoe MITCHELL “Dots” & “Splatter”
- Rencontres d’Archipels 2022
- Jazz en Pic St Loup 2022
- Respire Jazz Festival 2022
- Vol au dessus du Son des Peuples
Caravan, la compilation
Série Jazz & jeunes publics
Catégories
- Actus du mois (64)
- Articles (503)
- Caravan (103)
- Créations (6)
- Festivals (114)
- Interviews (129)
- Les portraits iconoclastes (28)
- Photos (131)
- Sélections disques (173)
- Série Jazz & Jeunes Publics (14)