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30 ans d’Avignon Jazz Festival

La nouvelle équipe d’Avignon Jazz Festival et du Tremplin Jazz avec ses deux nouveaux co-présidents Gilles Louis Eloi et Francis Grand a vu grand cette année pour fêter les trente ans et la belle longévité de cette entreprise qui comme toutes ont vu passer le vent du couperet Covid. Autour des deux soirées du tremplin européen s’articulent toujours de grands noms du jazz mais aussi des noms de musiciens locaux et après le festival de théâtre qui se terminait le même soir, c’est le jazz qui a envahi Avignon et son Cloître des Carmes pour six soirées plus une supplémentaire gratuite au Square Saint Agricol Perdiguier.

Les co-Présidents

Pour la première soirée samedi 30 juillet, un nouveau partenariat avec le festival Résonance qui, sur quelques jours, amène la musique électro au sein du patrimoine d’Avignon a été instauré, et ce soir ce sera le duo Grandbrothers qui fera suite à Coccolite.

Coccolite

Coccolite a été lauréat du 7°dispositif Jazz Migration l’an dernier avec Nout, Suzanne et le Charley Rose Trio et de ce fait, la tournée 2022 est prolifique. Le trio, constitué du batteur Julien Sérié, du bassiste Timothée Robert et du claviériste Nicolas Derand, et dont le nom pourrait être celui d’un cocktail comme le dit le bassiste, est piquant et explosif : un mélange électro, jazz, rock, oriental. Ils ne sont pas nés de la dernière pluie et ont forgé leurs armes au sein d’Antiloops, le projet électro-jazz hip hop de la flûtiste Ludivine Issambourg dont ils sont le socle depuis bientôt 10 ans. Ils comptent aussi nombre de collaborations et rencontres qui ont nourri leur discours. Cela donne un concert dense et de haute qualité avec l’humour du bassiste en assaisonnement supplémentaire où ils jouent une bonne partie de leur disque “Live Now” paru en mars 2022 sur le label La Pluie Chante. Mais nous avons droit aussi à la très belle composition Entre Deux Eaux à la rythmique réunionnaise du disque”Echo”sorti en 2021 sur le même label. Original et sincère, ce trio mérite sa mise en lumière.


Grandbrothers nécessite une longue préparation avec un nombre impressionnant de câbles entre un piano à queue et une table de mixage qui ferait fuir un néophyte. C’est sans compter sur le talent de l’allemand Erol Sarp au piano à queue classique préparé et du suisse Lukas Vogel qui gère la partie électronique. Ces deux-là se sont connus au cours de leurs études à l’Institut de Musique et des Médias de Düsseldorf en 2007 et ont lancé leur projet commun en 2011.

La technologie est très pointue partant du piano à queue en fait, travaillée ensuite par Lukas Vogel et on comprend qu’il faille du temps pour mettre au point les sons émis. Ils en sont à leur troisième disque “All The Unknown” avec un succès plus notoire du disque ”Open” et de son titre Bloodflow. L’ambiance est électrisée par la lumière et les cris hystériques d’un groupe de fans dans les gradins. C’est plaisant, un peu lassant parfois par le côté répétitif manière Steve Reich ou John Cage dont ils se réclament. Mais cela valait le coup de les connaître.


Dimanche 31 juillet, la première partie de la soirée est assurée par le quintet du trompettiste Shems Bendali qui avait remporté le Tremplin Jazz 2019 et n’avait pu hélas rejouer ici l’année suivante comme il est de tradition pour le gagnant. Il avait aussi obtenu le prix de la meilleure composition avec la balade Anima. Originaire de Thonon les Bains, ce musicien tombé dans la marmite du jazz vers 12 ans a déjà beaucoup collaboré avec d’autres artistes en Suisse avant de monter son groupe. Avec lui, Arthur Donnot au saxophone ténor rencontré dans la même école de musique de Lausanne, Andrew Audigier au piano, Yves Marcotteà la contrebasse et Marton Kiss à la batterie.Ce succès venait après un premier disque “Choukheads” paru en autoproduction en mars 2019 devenu rapidement “Album Révélation Jazz Magazine” en juin 2019. Ce grand prix leur a permis ensuite d’enregistrer “Tabriz” aux Studios de la Buissonne de Gérard de Haro. En 3 ans, le groupe a encore gagné en maturité et c’est un quintet de haute volée qui nous régale ce soir avec une partie des compositions de ce dernier disque. Nous entendrons successivement le titre éponyme du disque Tabriz, Konya puis la balade Muse. Ils poursuivent avec la très belle et douce composition du saxophoniste La Fillette et le Dragon qui laisse une belle place au piano avant de terminer avec Le Maître et l’Astre, plus enlevée grâce au duo de soufflants. Une petite pirouette finale avec un dernier morceau très court au phrasé repris par le public terminera ce concert très plaisant nourri de références au hard-bop mais qui a su digérer les tendances actuelles.


Et comme référence et hommage aux anciens, quoi de plus naturel d’avoir programmé Rhoda Scott ensuite avec son Lady All Stars ? Un triomphe pour cette légende vivante de 84 printemps qu’on nomme l’organiste aux pieds nus, extrêmement bien entourée d’artistes femmes incontournables. Sophie Alour au sax ténor, Airelle Besson à la trompette Lisa Cat-Berro au sax alto, Jeanne Michard au sax ténor (remplaçant Géraldine Laurent), Céline Bonacina au sax baryton, Julie Saury à la batterie et Ananda Brandão à la batterie également (remplaçant Anne Paceo).

Projet élaboré dès 2004 en quartet, celui-ci s’est vite agrandi pour accueillir sept jeunes femmes dans le vent qui nourrissent l’organiste de leurs compositions et talents. Rhoda Scott qui se dit ”vintage” nous les présente avec son sourire éternel et on sent le lien très fort qu’elle entretient avec elles. Le disque “Lady all Stars” est sorti en décembre 2021 sur le label Sunset Records et c’est ce disque qui sera joué ce soir en commençant par une composition de Lisa Cat-Berro, City of the Rising Sun, suivie d‘une autre d’Airelle Besson appelée Escapade mettant en valeur la trompette au son si particulier de cette trompettiste. Le morceau R&R voit le baryton de Céline Bonacina donner toute sa belle puissance. Une petite pause pour nous parler de chaque projet de ces musiciennes. Lisa Cat-Barro tourne depuis plus d’un an avec son “Good Days Bad Days”, Jeanne Michard avec “Songes Transatlantiques” également, de même qu’Airelle Besson avec “Try”. Sophie Alour, elle, vient de recevoir une Victoire du Jazz comme instrumentiste de l’année 2022 et porte un double projet “Joy ”et “Enjoy”. Céline Bonacina  continue à nous enchanter avec son projet “Fly Fly” depuis bientôt 3 ans, tandis que Julie Saury rend hommage à son père clarinettiste disparu en 2012 avec “For Maxime” ; La jeune et talentueuse Ananda Brandão élabore quant à elle son projet qui devrait s’intituler “Brésil 22”. Une composition écrite par Anne Paceo, Les Châteaux de Sable est entamée par un solo de batterie dAnanda Brandão et montre le talent de Sophie Alour. La contribution de Julie Saury avec son Laissez-moi donne lieu à une anecdote savoureuse contée par ce boute-en-train qu’est Rhoda Scott. Lisa Cat-Berro a composé le titre suivant Golden Age, auquel un blues succède, avant le I Wanna Move de Sophie Alour commencée par un duo de batterie d’anthologie ! Il va falloir bientôt compter sur la jeune Ananda dans le jazz féminin. Un superbe final avec le What’d I Say de Ray Charles en interaction avec le public achève ce concert magistral par une standing ovation qui illustre le girl power revendiqué par Rhoda Scott et représente un modèle nettement plus inspirant pour nos filles et petites filles que celui de notre première ministre actuelle. “Sans blague” nous dirait Rhoda!


Lundi 1° aout, première soirée du Tremplin Jazz. Michel Eymenier, le directeur artistique de l’Avignon Jazz Festival et co-fondateur du Tremplin rend hommage à Bertrand Furic, directeur de l’APEJS (Association pour l’enseignement du Jazz & des Musiques Actuelles en Savoie) qui lui-même nous parle des acteurs majeurs de ce tremplin comme Jean-Paul Ricard autre co-fondateur du Tremplin et Gérard de Haro du studio de La Buissonne sans qui cette aventure n’aurait pas été possible. Un jury bien masculin monte sur scène : Franck Bergerot, Pascal Bussy, Pascal Anquetil, Michel Eymenier, Gérard de Haro, Jean-Paul Ricard, Steve Nuissier, Bertrand Furic et Willy Schuyten, rejoints par la présidente du jury la saxophoniste Lisa Cat-Berro  entendue hier.

Le jury du tremplin

Le premier groupe, français, s’appelle Congé Spatial. C’est un duo composé de Pierre Lapprand au saxophone ténor avec des pédales d’effets, et du nancéien Etienne Manchon au piano et Fender Rhodes. (Je précise car je suis nancéienne, ça fait toujours du bien de voir un natif de la même ville !). Ce ne sont pas des inconnus en leaders ou sidemen. Ils ont même joué à Marciac cette année et ont obtenu le prix du jury et du public au 7° Tremplin Tonnerre de Jazz de Billère. Ces deux-là composent toutes leurs mélodies avec une rigueur et un sérieux très professionnel, en se définissant comme du jazz spatial. Ils commencent par Solarium puis Berlin Express, deux morceaux très électro, pour continuer par un medley totalement à l’opposé avec Le Vent sur la Colline, Chaussettes on The Floor et Rossignol, le pianiste se mettant au piano et montrant une maîtrise parfaite. Suit un hommage final à Fela Kuti, Kuti, avec les cordes du piano pincées imitant la kora. Ils jouent vite et bien et savent aussi se faire caressants et évocateurs de beaux paysages sonores. Mais le jury lui a reproché un univers un peu trop morcelé sans véritable unité.

Le second groupe également français s’appelle Obsidiane. Composé de Pierre Louis Varnier au piano, Yann Phayphet à la contrebasse arrivé en avril dernier et Romain Frechin à la batterie, le trio lyonnais a remporté le tremplin jazz sur un Plateau (Larnas) en 2021 et a sorti un premier EP. Un trio de facture classique certes mais qui a sa propre et belle personnalité. On avait déjà vu Yann Phayphet dans le trio EYM en première partie de soirée dans le cloitre, avant Erik Truffaz en août 2018. Les compositions sont du pianiste, les deux premières étant Eclats et Calm Down. Le ton est tantôt sombre, tantôt lumineux comme la pierre dont est composé le collier du pianiste et dont il se réclame pour définir sa musique inspirée par Gerald Clayton, Tigran Hamasyan, Vijay Iyer ou Ambrose Akinmusire, mais aussi d’autres styles musicaux (hip-hop, métal, techno et soul) pour créer un son singulier et empli d’émotions. Les deux dernières compositions Rafale et Mirror on the Rank sont très prenantes, les musiciens sont excellents et les solos de batterie telluriques.

Le troisième groupe est allemand et issu de la fameuse école de Cologne. Il se nomme Hustle Bande et se compose de Julius van Rhee au saxophone alto, Victor Fox au saxophone ténor, Leandro Irarragorri au piano, Calvin Lennig à la contrebasse et Finn Wiest à la batterie qui en est le leader. C’est assez stupéfiant d’entendre chaque année ou presque les formations qui viennent de cette école et qui se démarquent immédiatement. D’ailleurs, c’est ce groupe qui obtiendra cette année le Prix de la meilleure composition. Stylistiquement, le groupe s’inspire largement des grands du jazz tels que Keith Jarrett, Joe Lovano, Branford Marsalis ou encore Andrew Hill, Steve Lacy et Ornette Coleman avec une grande cohésion de groupe et déjà un album enregistré en 2021 à leur actif. Les deux saxophonistes sont passionnants, le pianiste ne l’est pas moins ni les deux autres d’ailleurs. En partant le soir, je me disais déjà qu’ils ne repartiraient pas les mains vides. Et ils obtinrent effectivement le Prix de la meilleure composition.


Mardi 2 août c’est Espace Impair de la région lilloise qui ouvre la soirée avec Gérald Lacharrière à la flûte traversière, Matthieu Buchaniek au violoncelle et Frédéric Volanti au piano. Prix du jury au Tremplin Haut-de-France ReZZo Jazz à Vienne 2022, ce groupe a remporté le Prix du Public cette année et ce fut bien mérité par l’originalité du trio, à la fois par sa constitution et ses compositions toutes écrites par le flûtiste en majorité (Piazza di Spania, Wanderer, Uživaj et Toundra) et par le pianiste (Mer Morte). Le pianiste est en symbiose avec le violoncelliste vers lequel il se retourne très souvent. Une maturité et maîtrise très applaudies, de même qu’une ambiance onirique ouvrant beaucoup d’espace ont emporté l’adhésion du public qui les a applaudis très chaleureusement et j’ai été également conquise.


Le second groupe est le Matthias Van den Brande Trio, d’origine néerlandaise et constitué de Matthias Van den Brande aux saxophones, Tijs Klaasse à la contrebasse et Wouter Kühne à la batterie. Il obtiendra avec un fort consensus le Prix du Jury et son saxophoniste le Prix du meilleur Instrumentiste. Ce dernier né en Belgique a fait ses études et obtenu son diplôme au Conservatoire d’Amsterdam en 2017. Compositeur et improvisateur en leader ou sideman très actif à Amsterdam, le lien qui l’unit à ses musiciens est très fort. Ils commencent avec le titre éponyme du premier EP sorti récemment Approaching The Present puis continuent avec I don’t Remember avant un hommage au pianiste anglais John Taylor avec J.t. Le mélodieux Chelsea Bridge est suivi d’une composition du contrebassiste qui a le même titre que son nouvel album Nostalgia avant de terminer par un cocasse Covid Blues écrit par le saxophoniste. Ce fut un concert épatant et parfaitement audible avec trois instrumentistes exceptionnels et très fins qui ont bien mérité leurs deux prix.


Eyeha est le dernier groupe en lice qui n’obtiendra aucun prix tout comme Obsidiane et Congé Spatial. Né en été 2020 de la connivence de cinq musiciens, Gaëlle Bagot au chant et clarinette basse, Volodia Lambert à la guitare, Roman Maresz au piano, Matthieu Ronfard à la basse et Vincent Fauvet à la batterie, le groupe navigue entre diverses influences, jazz moderne, pop-rock, musiques du monde. Je connaissais le pianiste d’origine monégasque vu en 2015 au Tremplin jazz de Porquerolles où il avait remporté avec sa formation Takt le prix du Public et le prix du Jury dont je faisais partie et l’avais revu au Fort Sainte Agathe en juillet de la même année. Un excellent pianiste mais ils n’ont rien remporté cette année. Être sélectionné pour ce Tremplin d’Avignon est déjà énorme quand on sait qu’il y a plus de 150 candidatures. 

Mercredi 3 août est une grosse soirée avec trois groupes : c’est d’abord le Maxime Atger Trio qui commence, formation avignonnaise extrêmement prometteuse et qui nous a enchanté les oreilles par la musicalité et la finesse des compositions. Maxime Atger est saxophoniste et accompagné de Sébastien Lalisse au piano, et Pierre-François Maurin à la contrebasse que nous voyons régulièrement sur la région. Comment exprimer le ravissement engendré par ce concert plein de délicatesse. C’est le premier mot qui me vient à la bouche. De la douceur, de l’inventivité, de l’aérien, de l’intime, ce fut magique avec des compositions amenées par chacun comme Un peu de Neige et Noir sur Blanc du pianiste, 503 du saxophoniste ou Nedah de Pierre-François Maurin. De la poésie et de la place au silence, comme ce fut reposant d’entendre ce trio ! Un joli morceau final appelé Clochettes avant de laisser la place au groupe suivant termine ce superbe moment. Le public hélas pas assez nombreux pour toute la soirée les a chaleureusement applaudis.


La formation ayant obtenu l’an dernier le prix du jury 2021 s’appelle Structucture, issue de cette fameuse école de Cologne, avec le danois Asger Nissen au saxophone alto, Victor Fox aperçu deux soirs auparavant dans le Hustle Bande au saxophone ténor et clarinette basse, Roger Kintopf  son leader à la contrebasse et Félix Ambach à la batterie.  Le contrebassiste de 24 ans seulement a vécu dans une famille de musiciens et troque à onze ans le piano puis la basse contre une contrebasse. Passé par Cologne de 2016 à 2018, il étudie actuellement à Paris depuis 2019 sous la houlette de Riccardo Del Fra. Il a sorti un premier album en mai 2020 sur le label Double Moon Records portant simplement son nom et déjà le nom de groupe “Roger Kintopf Structucture.” Une fois de plus du jazz haute définition comme savent le faire les allemands, avec à la fois de la rigueur, mais aussi du free style si on peut parler comme cela. Les deux saxophonistes sont un régal pour les oreilles, en fusion ou opposition. Le fait d’avoir un leader contrebassiste en colonne vertébrale structure et déstructure à la fois un discours pas toujours audible mais qui amène des moments de grâce avec les deux soufflants en phase ou en harmonies décalées avec des sonorités parfois surprenantes et une batterie très aérienne. Une maturité étonnante pour de si jeunes artistes. Ils furent écourtés dans leur prestation par une scène ubuesque où le trio suivant M.O.M. sur le côté de la scène a demandé par le biais d’un des co-présidents qu’on abrège la prestation. Hués par le public, M.O.M. a dû attendre qu’un dernier morceau soit joué avec des applaudissements de soutien. Franchement, je serais bien partie d’entrée de jeu devant ce comportement indigne.


M.O.M. arrive comme si rien ne s’était passé. Les deux frères Louis Moutin à la batterie et François Moutin à la contrebasse, suivis de Jowee Omicil à la clarinette et saxophones ont manifestement consommé autre chose que de l’alcool. Monté sur ressort, ce trio m’a laissé une impression très désagréable de jeu surfait absolument pas naturel. Il s’est rencontré sur le plateau de tournage de la série Netflix « The Eddy ». MOM ou mômes ? C’est sûr qu’ils se sont amusés comme trois fous sans limites à improviser sur Le Pont d’Avignon ou Frère Jacques puis à slamer sur les trois lettres M.O.M. Omicil farfouille dans son grand sac comme Mary Poppins pour en sortir tantôt son saxophone, tantôt sa clarinette ou même un bugle. C’est assez désordonné dans une improvisation permanente qui montre leur talent bien sûr et leur entente formidable. Trois artistes accomplis certes mais leur entrée en scène forcée et cette excitation presque factice m’ont vite agacée et je me suis éclipsée avant la fin.


Jeudi 4 août fut une belle soirée avec un seul concert qui en valait dix puisque c’était la soirée La Buissonne avec Jean-Marie Machado et son orchestre Danzas qui nous ont joué “Pictures for Orchestra”. Avant leur entrée en scène, Michel Eymenier fait l’éloge du Tremplin et d’Alain Pasquier un des fondateurs de ce concours avec donc lui-même et Jean-Paul Ricard et rend hommage au mythique Studio de La Buissonne venu rejoindre l’équipe en 1995, à la renommée mondiale (plus de 1800 disques enregistrés là avec un label qui a sorti une soixantaine de disques fabuleux au son exceptionnel dont beaucoup paraissent sur le label ECM). Il invite Gérard de Haro à parler, qui monte sur scène, Chevalier des Arts et des Lettres, meilleur label jazz de l’année au Victoires du Jazz 2018 et qui sera aux manettes du son du concert de ce soir.

Avec Jean-Marie Machado au piano, entrent sur scène Jean-Charles Richard au saxophone, Stéphane Guillaume aux flûtes, Guillaume Martigné au violoncelle, Céline Grenier et Séverine Morfin au violon alto, Noé Clerc à l’accordéon, Jérémie Dufort au tuba et Philippe Leloup aux clarinettes. Ce sont des images pour l’orchestre car chaque musicien va amener son talent et présenter sa sonorité à chaque morceau, même son leader. C’est Jean-Charles Richard qui commence avec Circles Around, suivi de Trompeta Grande pour l’impressionnant tuba de Jérémie Dufort qui a pris la suite de François Thuillier. Deux compositions s’enchaînent ensuite, Piuma (Plume en italien), émouvant hommage à Carmen la maman de Gérard de Haro et A água do céu pour le piano qui se fait léger et virevoltant. Honneur ensuite à la violoniste alto Séverine Morfin dont le son remarquable illustre Fragmentos de cantos. L’accordéon du jeune Noé Clerc remarqué avec son trio l’an passé au Tremplin joue à présent à la place de Didier Ithursarry sur une pièce d’Astor Piazzolla qui le met particulièrement en valeur, Vuelvo al sur. La composition Nebbia (Brume en italien) est introduite par le violoncelliste, puis c’est Cécile Grenier au violon alto qui entame As ondas da vida. Deux altos, deux sons différents et complémentaires avec une note tenue tout le long par Séverine Morfin. Un mélomane dans le public reconnait de qui est inspiré la pièce suivante FW.1855 (Schumann) qui sera menée par le clarinettiste Philippe Leloup. Il ne manquait que le flûtiste Stéphane Guillaume qui finit avec “Encore”Oriental jig ce concert formidable avec au milieu de tous ces musiciens, un pianiste vraiment merveilleux, pédagogue né et plein d’humour qui fait le lien entre eux tous et nous aura fait passer une soirée exceptionnelle.


Cette édition ambitieuse 2022 pour 30 ans de bons et loyaux services s’est terminée le Vendredi 5 août au soir par un concert gratuit au square Saint Agricol Perdiguier avec la Old School Funky Family qui a jeté les dernières étincelles (sans incendie mais avec un feu d’enfer à ce qu’on m’a dit). Que toute l’équipe, en particulier Gilles Louis-Eloi, Francis Grand et Michel Eymenier soient ici remerciés ainsi que tous les bénévoles pour leur implication et accueil chaleureux, sans oublier Alain Louis qui depuis trente ans édite de merveilleuses affiches et l’ingénieur du son toujours caché mais capital Gaëtan Ortega !

Les bénévoles

Florence Ducommun, texte et photos

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