A ma gauche, Christian McBride, le bassiste que s’arrache le monde du jazz depuis des années, de Herbie Hancock à Pat Metheny et Joshua Redman. A ma droite, Edgar Meyer, autre monstre de la contrebasse qui a fait de l’éclectisme sa règle d’or musicale, du folk au classique avec les trios de Bach en compagnie de Chris Thile et Yo-Yo Ma. Seuls avec leur “grand-mère” si ce n’est deux ou trois exceptions où Meyer s’assoit au piano. “Mais qui va jouer la mélodie ? ”, pour paraphraser le titre de l’album. Cela importe peu car la musique ne s’arrête pas à la conception mélodique et les deux as, que ce soit en pizzicato ou à l’archet, nous font entrer dans un monde musical qu’ils semblent reconstruire à leur mesure. Qu’il s’agisse de s’approprier quelques standards comme le Solar de Miles Davis, Days of Wine and Roses d’Henry Mancini, ou de créer in vivo leurs propres compositions, tout est prétexte à la complicité et à la connivence. C’est à la fois brut de décoffrage et léger comme une brise du soir qui viendrait vous caresser les oreilles. Mais pour profiter pleinement de ces belles fréquences graves et de ces attaques du gras des doigts, il faut écouter ce duo sur une chaîne digne de ce nom en oubliant le son anémié de votre ordinateur ou de votre i-phone. Vive la musique qui respire !
[PhV]