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30 BOUGIES POUR «LABEL BLEU»

Label_Bleu

 

Les amateurs le savent, l’histoire du jazz est aussi celle des labels (des étiquettes diraient nos cousins du Nouveau Monde) qui furent autant de repères pour écouter de nouveaux musiciens. L’un des exemples les plus connus est sans doute Blue Note qui est l’arbre qui a souvent caché une multitude de petites entreprises qui, en leur temps, eurent leur heure de gloire avant de disparaître. Du côté de l’Atlantique où on inventa le jazz, ce fut le cas de Brunswick, Alladin, Metronome et bien d’autres, autant de labels disparus dont les vinyles font aujourd’hui la fortune des commerçants de vieille cire. Plus près de nous, tant dans le temps que dans la géographie, d’autres marques indépendantes n’ont pas résisté elles non plus à l’ère des hypermarchés et de la dématérialisation de l’inter-pas-net. Black Saint et Soul Note en Italie (néanmoins réédités aujourd’hui par Cam Jazz) ou Owl, Freelance et Ida Records en France ont eux aussi rejoint le grand sommeil. Il faut donc se réjouir qu’un label français puisse aujourd’hui fêter ses 30 ans, même si sa vie ne fut pas un long fleuve tranquille et qu’il fut près de disparaître lui aussi il y a peu.

Fondé en 1986 par Michel Orier qui en fit dès le départ une filiale d’économie mixte de la Maison de la Culture d’Amiens, Label Bleu se spécialisa dès le départ dans la production d’artistes français et européens, le studio d’enregistrement intégré à la Maison de la Culture facilitant les  choses. Henri Texier, Michel Portal, Daniel Humair, Marc Ducret, Bojan Z, Enrico Rava ou Stefano Bollani en firent vite leur maison et, les années passant, le catalogue était fort de 200 références en 2000. Année charnière puisque Michel Orier, devenu directeur de l’institution dix ans auparavant, laissait la direction du label pour aller vivre une autre existence sous les ors du Ministère de la Culture en tant que  conseiller du ministre Catherine Tasca sous le gouvernement Jospin. Prélude à une belle carrière puisqu’il devint plus récemment Directeur Général de la Création Artistique puis Inspecteur Général des Affaires Culturelles dans le même ministère avant d’être nommé Directeur de la Musique et de la Création Culturelle à Radio France il y a peu.

A l’aube d’un millénaire qui annonçait du sang et des larmes pour tout opérateur dans le domaine discographique, son successeur à la tête du label n’eut sans doute d’autre choix que de gérer la pénurie et de voir les comptes du label s’enfoncer dans un rouge qui le mena à la démission au bout de quelques temps. Label Bleu était mourant et les « sauveurs » qui se proposaient à son chevet ne trouvèrent pas matière à un profit à court terme. Dure loi d’une « industrie culturelle » dont l’exception française est souvent un leurre.

Mais les ressources publiques permettent de repousser le moment de la faillite. Et bien en a pris à la Maison de la Culture d’Amiens d’avoir de la patience pour relancer ce label à l’occasion de ses 30 ans. Et elle le fait avec une certaine vista en choisissant trois artistes qui symbolisent bien l’histoire de Label Bleu : Henri Texier, qui fut là aux premiers jours, Das Kapital, orchestre incontournable de la scène européenne contemporaine, et le Red Star Orchestra, projet foldingue de quelques musiciens français parmi lesquels on n’est pas surpris de retrouver Thomas de Pourquery.

Longue vie à Label Bleu qui renait de ses cendres !

Philippe VINCENT

  • Henri Texier « Sky Dancers »
  • Das Kapital « Kind of Red »
  • Red Star Orchestra “Broadways”

(L’Autre Distribution)


La Chronique de Laurent BONNEFOY

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