Créé il y a une quinzaine d’années, voilà un trio qui annonce la couleur : pas d’instrument harmonique et pas de leader désigné. On improvise autour de thèmes préétablis, donnant à la musique à la fois un air de liberté et de construction bien menée. Pour ce quatrième album, les trois compères d’Aérophone ont choisi d’enregistrer dans un petit club de jazz perdu dans la campagne charentaise, l’acoustique de l’endroit plein de bois jointe au talent de l’ingénieur du son Jonathan Marcoz garantissant un son quatre étoiles. Plusieurs jours à jouer pour affiner les complicités, deux à enregistrer ce qui devenait la matière première dans laquelle il faudrait choisir, et le rêve devenait réalité. Par moment, Loustalot se balade sur le super duo rythmique que forment Chevalier et Pasqua, laissant s’ouvrir des espaces sans recourir aux acrobaties qui remplacent chez d’autres  l’inspiration musicale par la technique instrumentale. A certains moments, le cheminement personnel de chacun est ponctué de rendez-vous communs qui annoncent les retrouvailles pour des ensembles qui nous rappel parfois l’orchestre “Old and New Dreams” (Don Cherry, Charlie Haden, Ed Blackwell, Dewey Redman). Voilà un disque comme on n’en avait pas entendu depuis longtemps, alliant le classicisme de ce qui fut moderne à l’actualité du jazz d’aujourd’hui. Superbe !

PV