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Anglet surfe sur le jazz

Pluie ou pas, Anglet surfe sur le jazz

Il y a une douzaine d’années maintenant que le pianiste Marc Tambourindéguy a fondé le festival de jazz d’Anglet avec le support organisationnel de l’association Arcad dirigée par Agnès Zimmermann et  le soutien de la municipalité. Il se termine souvent par la journée Jazz sur l’herbe dans le cadre champêtre du Parc de Baroja mais les dieux basques qui ont fait de la région l’une des plus pluvieuses d’Europe auront une fois de plus empêché les festivaliers d’aller pique-niquer au son de la musique. Dommage pour ceux qui sont surtout motivés pour bronzer ou faire la sieste à l’ombre des frondaisons du parc mais les amateurs de musique auront, eux, été gâtés par une belle programmation.

Quatre jours donc dans le beau Théâtre du Quintaou, le jeudi soir étant consacré au concert de clôture de la résidence du groupe A Polylogue from Sila dans la Black Box du bas, le festival ayant investi la grande salle du théâtre les trois jours suivants. Pour cette édition, Tambourindéguy s’était donc lâché en mettant le piano à l’honneur et se sont succédés des pointures de l’instrument. Dès le vendredi la surprise était au rendez-vous avec le trio de Paul Lay qui en enchanta plus d’un. On connaissait son disque Alcazar Memories dans lequel il rendait hommage à la chanson française d’entre-deux guerres en compagnie de la chanteuse Isabel Sörling et du contrebassiste Simon Tailleu. Au-delà de la qualité de l’entreprise et des musiciens, il nous avait semblé à l’époque qu’il  manquait quelque chose pour en faire un grand disque. Mais à Anglet, avec le même trio et sur un répertoire composé de chansons américaines fin XIXème début XXème, nos quelques réserves ont fait place à  l’admiration. La suédoise, beaucoup plus à l’aise que sur le répertoire français, y donna libre cours à son talent si particulier, habitant vraiment les textes qu’elle chantait de sa voix pure à la justesse millimétrique. Avec elle plus que derrière elle, l’élégance de Paul Lay et la musicalité de Simon Tailleu faisaient le reste pour nous offrir un concert étincelant.

Mais les jeunes (les trois ont la trentaine) ne furent pas les seuls à faire le buzz et la génération d’avant ne s’en laissa pas compter. Dans l’exercice aride du duo, Bojan Z et le saxophoniste Julien Lourau firent une prestation dont ils ont le secret, emmenant le public dans leur monde avec maestria. Entre des improvisations aventureuses et des couleurs balkaniques enivrantes, on comprit vite que la vieille complicité qui les lie depuis plus de 25 ans les tire toujours un peu plus vers le haut.

Thierry Eliez lui aussi fut ébouriffant avec son trio. Celui que beaucoup connaissent sans le savoir puisqu’il fut le pianiste et le directeur musical de Dee Dee Bridgewater pendant de nombreuses années, présentait son trio Improse Extended avec Ivan Gélugne et son vieux compagnon de route André Ceccarelli. Dans un registre devenu plus personnel il montra qu’il n’avait rien perdu de son style flamboyant qui fit mouche encore une fois.

Enfin, s’il y eut de beaux moments avec le septet de Diego Imbert, riche en personnalités musicales de haut niveau, et avec le jeune quintet V.E.G.A. et le groupe Human Songs,

La divine surprise finale répondant à celle du vendredi fut celle que nous offrit le trio de Yonathan Avishai. On ne connait que depuis quelques années ce pianiste franco-israélien qui n’est pourtant pas de la première jeunesse, sa discrétion expliquant peut-être une reconnaissance tardive. Mais les deux excellents disques qu’il fit sur le label Jazz & People l’ont sorti de l’anonymat et gageons que les deux autres qu’il publia cette année sur ECM (l’un en trio et l’autre en duo avec le trompettiste Avishai Cohen) confirmeront son envol. Son jeu de piano est un bonheur, fait de simplicité, de finesse, d’élégance et de swing, avec un touché du clavier qui est une vraie caresse de l’ivoire. En compagnie du contrebassiste Yoni Zelnik et d’un Donald Kontomanou jouant du bout de ses baguettes et effleurant ses peaux, il donna un concert de toute beauté dont beaucoup de spectateurs garderont un souvenir ému si j’en crois ce que j’ai pu entendre à la sortie.

Finalement, pluie ou pas, cet Anglet Jazz Festival 2019 est encore monté d’un cran cette année dans la liste des manifestations à ne pas manquer.

Photos: Marylène Cacaud – Texte: Philippe Vincent

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