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Baptiste TROTIGNON

TrotignonBaptiste Trotignon fait partie de cette génération de musiciens français qui fut la dernière à forger son sens du swing dans les fameuses « Nuits Blanches » du Petit Opportun à la fin des années 90.
Jusqu’à l’aube, on allait dans ce club parisien bien connu des amateurs pour croiser le fer avec des partenaires d’un soir qui, parfois, pouvaient être de glorieux aînés.
Fort d’un long cursus de piano classique, Trotignon arriva dans la capitale alors qu’il n’avait pas vingt ans en sachant que c’était cette confrontation avec les autres qui lui ferait vivre le jazz plus que toutes les partitions qu’il avait pu déchiffrer dans son enfance et son adolescence.
« Mon père était pianiste classique amateur, raconte-t-il, et je fus vite installé devant un clavier. On écoutait aussi les disques de pop de mes parents et dès qu’il y avait un truc un peu groovy hérité de la tradition afro-américaine, ça me plaisait.
Jusqu’au jour où je suis allé voir les films
« Bird » de Clint Eastwood et « Round’Midnight » de Bertrand Tavernier. Je devais avoir une douzaine d’années et dès le lendemain j’ai commencé des visites hebdomadaires à la bibliothèque municipale de Nantes pour y emprunter des disques de jazz.
Je trouvais cette musique très excitante rythmiquement et j’étais sensible à l’émotion que peut susciter le blues. Je me constituais ainsi une petite culture personnelle et je me rappelle que vers 15 ou 16 ans j’écoutais en boucle sur mon walkman le disque
Charlie Mingus presents Charlie Mingus.
J’aimais aussi beaucoup les premiers disques du trio de Keith Jarrett et son côté lyrique parlait à ma formation classique. Mais le pianiste que j’ai sans doute le plus écouté à l’époque fut Erroll Garner et il m’émerveille encore aujourd’hui ».
Voilà comment ce jeune homme destiné à des études supérieures de mathématiques leur préféra le piano qu’il pratiqua du matin au soir dès le bac en poche.
Pas étonnant qu’il débarqua à Paris avec un solide bagage technique, se frayant vite un chemin dans les jam sessions nocturnes pour y jouer Art Blakey et Wayne Shorter avec Alex Tassel et Olivier Témine.
Très vite il devient le jeune pianiste qu’on veut à ses côtés et il intègre les formations de Christian Escoudé, d’Aldo Romano ou des frères Moutin avant de commencer une carrière en leader qui fera de lui un sideman moins occupé.
A la fin des années 2000, c’est pourtant au sein de l’orchestre de Stefano di Battista qu’il rencontre le bassiste Matt Penman et le batteur Eric Harland qui constitueront la paire rythmique de son magnifique album « Share » sur lequel brillent aussi le saxophoniste Mark Turner et le trompettiste Tom Harrell.
Après deux autres enregistrements avec celui que beaucoup considèrent aujourd’hui comme le nouveau maître du sax ténor, Baptiste Trotignon revient aujourd’hui à l’art du trio avec un nouveau disque, « Hit », comme si l’appel de la mélodie dont il ne voudrait laisser l’exposition à aucun autre soliste se faisait pressant.
On retrouve chez le pianiste la jouissance de la frappe qui le dispute à la caresse de l’ivoire, avec ce son rond, chaud, sensuel, avec beaucoup d’harmoniques, et qui n’est pas sans évoquer celui de Brad Mehldau.
Il nous offre parfois un véritable feu d’artifice pianistique sans se départir de toute l’élégance qui est sa signature dans les ballades, alliant l’aspect charnel du jazz à son côté cérébral. En pleine maturité, Baptiste Trotignon nous montre une fois de plus qu’il est un véritable magicien du piano.

Philippe Vincent


Baptiste Trotignon sera en trio au Festival Jazz sur l’Herbe
Le 27 Septembre à 22 h, Salle Quintaou à Anglet
avec Thomas Bramerie (contrebasse) et Hans Van Oosterhout (batterie).

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