Vendredi 20 mai / Nîmes – Festival Delco / Le Spot
MIMI, Gare aux oreilles, les Musiques Innovatrices de Saint-Étienne disparus, il ne reste plus que Vandoeuvre pour assouvir nos oreilles avides de musiques aventureuses et expérimentales.
Dans la région, le festival Delco organisé par Jean-François Oliver tient bon la barre et propose un an sur deux, une sélection de musiques hors-normes. Après le douloureux épisode Covid, Nîmes accueillait cette année des musiciens aussi divers que Tribalism3, le quatuor Bela ou les très hypnotiques Helved Rüm (Simon Henocq, Julien Chamla).
Et l’on découvrait pour la première fois la percussionniste Camille Emaille. Dans la coquette petite salle du Spot, et bien sûr en acoustique, chaque réverbération, chaque caillou secoué sur une fine cymbale prend une ampleur inouïe. Il faut dire que Camille maitrise parfaitement l’art de la réverbération. L’archet frotté contre un crotale émet de multiples polyphonies. Idem pour chaque bibelot percussif (certains détournés de leur usage habituel) et, toujours, avec une absolue finesse.
Camille Emaille ne débusque pas de nouvelles sonorités. Cela a été fait en amont. Avec patience et intelligence. Ici, on devine l’histoire. Elle est presque cinématographique. On imagine les plans séquences. Plans séquences toujours explorés jusqu’à terme. Camille est l’antithèse totale de ces percussionnistes zappant d’un plan à l’autre : elle explore jusqu’à la lie les possibilités de chaque percussion, créant ainsi un crescendo aux multiples effets.
Aucune rupture de ton chez elle (ou alors de fausses ruptures comme en tout début de solo quand après un passage à l’archet, elle enchaîne subitement –et subtilement- avec une violente frappe sur une nouvelle percussion) mais un continuum toujours respecté, le lien entre chaque séquence étant à la charge de gongs aux longs rayonnements.
Vous l’aurez compris si Camille Emaille passe près de chez vous, courrez vite la découvrir et si ce n’est pas le cas, n’hésitez pas à faire de longs kilomètres, vous ne le regretterez pas.
Luc BOUQUET, texte
Jean-Yves MOLINARI, photos (Luz 2019)
