On ne dira jamais assez combien Eddy Louiss fut une référence pour les organistes qui l’ont suivi. Chacune des notes qui rugissait de son B3 avait un poids à nul autre pareil, chacune des phrases qu’il jouait était gorgée d’un swing incandescent, chacun de ses nouveaux morceaux épatait son entourage et son public. Jimmy Smith, Larry Young ou Lou Bennett n’avaient qu’à bien se tenir et c’est Eddy Louiss que choisit Stan Getz pour enregistrer “Dynasty” dont “The Sound” disait que c’était l’un des disques préférés qu’il avait faits. Pas étonnant alors qu’Emmanuel Bex ait voulu nous rappeler quel formidable musicien fut Eddy, dix ans après sa disparition. Et c’est par l’enchaînement de deux de ses morceaux inoubliables, “Dum, Dum” et “Our Kind of Sabi”, que s’ouvre cet album remarquable où l’esprit du maître ne pouvait être mieux salué que par ce diable de Bex qui a autant de belle musique au bout des doigts que d’intelligence dans la tête. Et autant de groove au fond des tripes. Tout est là, les souvenirs du Trio HLP (Humair, Louiss, Ponty), ceux du quartette de Stan Getz avec René Thomas et Bernard Lubat, la musique de ses Antilles natales, l’incroyable fanfare qu’il avait formée vers la fin de sa carrière et l’ombre de cet orgue magique dans la chanson C’est Eddy que Nougaro lui dédia. Tout sonne vrai car tout est fait ici avec autant de plaisir que de sincérité, aussi ne vous privez pas de ce qu’a dit Eddy à Emmanuel Bex.

[PhV]