Ainsi, il existerait encore sur cette terre des auditeurs capables d’aller jusqu’au bout des soixante-quatorze minutes de ces beaux jours. Et, encore plus de réfractaires, se moquant de ce n’importe quoi sonore. Faisant parti du premier clan, je m’en vais écrire pour ceux-ci, laissant aux autres le soin de se divertir des bouillies sonores accompagnant leur quotidien. Esprit communautaire alors ? Yes, j’assume et j’emmerde les autres.
« Les beaux jours »
Jean-Marc FOUSSAT & Guy_Frank PELLERIN
Donc les beaux jours : visite d’un monde autre où savoir respirer demeure nécessaire. Dans cet autre monde, on ne zappe pas, on entretient le temps, on lui permet de contempler avant de s’effacer. Deux entités ici : Jean-Marc Foussat et ses mirages soniques, gargouillis baroques zébrant l’espace sans en violer le cercle. De l’autre, Guy-Frank Pellerin et ses saxophones. Lui, acte d’abord la note avec économie puis laisse éclater des phrasées éclatés, rugueux (après la nuit).
Cri de vie en début de phase de nuit. Pleurs de nourrissons sur fond de nappes anxiogènes, d’instables harmonies et de futurs annoncés fiévreux. L’on respire moins ici. La menace est partout. La tenaille sonique s’installe. La respiration reviendra mais sera traumatique.
Vertes vallées de soprano pour accueillir bien proche, sans doute que ne contredit pas un piano démembré. Croustillants sont les dialogues désormais tendus entre les deux improvisateurs. Conflits et combats, le soprano s’envole et cajole l’harmonique. Plus loin, veille un ténor en transe et un piano solitaire.
Déjà terminé, les tourments se camouflent.
« Jouent pour Stéphane qui danse sans faire de bruit »
Jean-Marc FOUSSAT & Léo REMKE-ROCHARD
S’il existe un cercle chez Jean-Marc Foussat et Léo Remke-Rochard, il regorge d’images sonores infinies, vaste catalogue de chaos où jamais ne s’imposent quiétude et rémission. Impossible de somnoler, nos deux amis, toujours sur la brèche, brutalisent les matières, matières pétries par eux avec un soin extrême.
Ils maltraitent un cercle, prêt à imploser, toujours y ajoutent de nouvelles entrées. Les rivières aperçues sont celles du déluge (toutes les eaux sont couleur de noyade dixit Cioran), elles sont torrent boueux s’engouffrant au plus profond des terres.
Belle errance sonique que celle-ci, nue et sans compromission. Intègre quoi.
Luc BOUQUET