Canons
Lina Allemano
A Toronto, Lina Allemano trouve quelques ami(e)s familiers de la composition –et interprétation- en canon. C’est d’ailleurs la trompettiste qui inaugure la séance avec 3 Trumpet Canon, jeu du chat et de la souris, apparition-disparition de fines mélodies avant que les souffles salivaires ne prennent le dessus.
Ici, l’accent est mis sur la consonance, la finesse de mélodies qui s’enchâssent sans jamais perdre clarté et connivence (LA, Peggy Lee, Brodie West). Ici, l’on peut parler de douceur tant les live-processings et autres effets de Mike Smith ne perturbent aucunement la mélodie mais entretiennent une subtile étrangeté. Débuté dans une forme quasi-militaire, le trio LA, Rob Clutton, Ryan Driver (Butterscones) s’engage assez vite en improvisation pointilliste avant de s’enrouler en douces mélancolies. Il en va ainsi de Canons : tendresse et mélancolie ne peuvent se taire. En ces temps de chaos guerrier, cette musique réchauffe à point nommé les âmes meurtries.
Pipe dreams
Lina Allemano
Après le canon –bien que Pipe Dream fut enregistré avant Canons-, voici le contrepoint réactualisé par Lina Allemano. La fluidité dont fait preuve le quartet de la trompettiste (Brodie West, Andrew Downing, Nick Fraser) est à souligner voire à sur-souligner. La fonction première de ce quartet s’énonce dans le collectif (raréfaction des solos au profit des dialogues serrés entre trompette et saxophone alto, unissons soignés). Ce même collectif, soudé, unifié jamais ne se désunira.
Dans un murmure, quand alto et contrebasse, assurent l’assise rythmique, la trompette prend quelque hauteur puis retrouve ses amis partis vers d’autres aventures. Souvent les silences organisent la partition en blocs solidaires. C’est donc armés d’une solide écoute et d’un échange constant (intense duo batterie-alto) que Lina et ses confrères voguent avec légèreté sur un océan de contrepoints amis.
Luc BOUQUET
