Avec Brunö Lapin, voici la rencontre improbable et éclatante de trois électrons libres : Sophie Bernado (basson), Jocelyn Mienniel (flûtes) et Clément Petit (violoncelle). Tous trois refusent les étiquettes et traversent les genres avec une liberté joyeuse : jazz, musiques traditionnelles, textures électroniques ou sonorités contemporaines se conjuguent dans une forme chambriste audacieuse.
Ce qui frappe dès les premières minutes, c’est cette connivence naturelle entre les instrumentistes. Leurs timbres, leurs jeux, leurs respirations se cherchent, s’imbriquent et se libèrent, construisant une musique ouverte et habitable, à la fois cérébrale et charnelle. Ici, aucune hiérarchie instrumentale : chacun prend la parole tour à tour, chacun soutient ou relance les autres, créant une circulation musicale d’une fluidité rare.
Le basson de Sophie Bernado, arraché à ses profondeurs familières, s’élève vers des aigus inattendus, parfois fondus dans la flûte de Jocelyn Mienniel au point de donner naissance à un nouvel instrument imaginaire. Le violoncelle de Clément Petit, lui, refuse d’être sage : il pince, tape, frotte ou glisse, percussif et lyrique dans le même élan. Solos et improvisations se succèdent, toujours dans l’écoute mutuelle et l’envie d’étonner.
De plages contemplatives en boucles électro, de nappes légères en syncopes accrocheuses, la musique déroule son invitation à la rêverie autant qu’à la danse. Les influences orientales traversent certaines pièces, comme un fil chatoyant qui relie traditions et modernité. Et il y a ce plaisir évident, presque jubilatoire, qui anime les trois musiciens, toujours prêts à se surprendre tout en embarquant l’auditeur dans leur complicité.
Avec Brunö Lapin, on plane au-dessus des textures, on sourit aux dialogues instrumentaux, et on finit par taper du pied devant tant d’inventivité. L’album est une véritable cure de liberté sonore, à écouter sans attendre.
La Rédaction