Crescendo / Caroline
Inconnu ? Bien sûr que non, pour les amateurs de jazz.
Mais il est vrai que la diversité des projets de ce surdoué du saxophone alto a peut-être brouillé son identité musicale auprès du grand public.
En témoignent les deux albums qu’il fit pour le célèbre label allemand ACT, l’un à l’esthétique plutôt pop (Cheerleaders) et l’autre très bop (Kubic’s Monk), ce dernier lui ayant valu un émoi unanime de toute la critique. Ceux qui ont acclamé cet hommage au génial pianiste aimeront le nouveau disque de cet altiste hors normes.
Conseillé par un producteur qui n’est autre que le pianiste Laurent de Wilde et soutenu par une rythmique d’excellence : le bassiste Thomas Bramerie qui était déjà de la fête il y a une douzaine d’années pour l’un des premiers disques de Pédron avec Mulgrew Miller et Lewis Nash, et le batteur Greg Hutchinson dont on a pu apprécier le beat auprès de Joshua Redman ou de Joe Henderson.
Inutile de dire qu’en une telle compagnie, il va s’agir de jazz (et du meilleur), et Pierrick Pédron est ici comme un poisson dans l’eau. On connaissait son exceptionnelle aisance sur les morceaux bop au tempo enlevé, mais on va découvrir un cœur immense sur les ballades où la fragilité vient reposer l’oreille après la virtuosité des morceaux rapides.
Enfin, autre découverte, le jeune pianiste Carl-Henri Morisset (25 ans) dont on peut penser qu’il va nous épater dans les années à venir. A n’en pas douter, l’un des albums de l’année.
Philippe VINCENT