La 8e édition de Respire Jazz Festival qui s’est déroulé du 1er au 3 juillet, a été, cette année encore, un beau succès.
Un large public est venu assister aux 12 concerts et comme chaque année, il a pu flâner, manger, boire, et se remplir les oreilles de toute les propositions musicales offertes dans ce lieu magique qu’est l’abbaye de Puyperoux (Charente) par des musiciens exceptionnels dont beaucoup étaient présents quelques jours plus tard aux Victoires du Jazz.
Le vendredi 1er, après avoir été accueillis en musique dès 18 heures par l’ensemble Orphéon Méléhouatts, de l’école Départementale de Musique et l’atelier Jazz du Conservatoire de Grand Angoulême, sous la direction respectivement de Jérémie Arnal et de Pierre Aubert, les premiers festivaliers pouvaient s’installer sur les bottes de foin dans la cour de l’abbaye, pour assister au concert du magnifique trio de Pierre de Bethmann.
Rapidement l’alchimie s’installe entre le public et les longues lignes vertigineuses du pianiste s’accordent parfaitement avec une rythmique très dynamique et soudée, formée par Sylvain Romano à la contrebasse et Tony Rabeson à la batterie. Ces trois là prennent leur temps pour développer leur langage sur un répertoire de grands standards américains ( Beautiful love, Thelonious… ) et français ( Indifférence, Sicilienne de Fauré …)
Pour le concert suivant quelques gouttes se sont invitées à l’abbaye malgré notre total désaccord, mais nous ne nous avouons pas vaincus et le concert se téléporte sous le préau qui accueille habituellement les jam-sessions. Sur les conseils de Philippe Vincent qui présente chacune des soirées, on se serre, on ramène quelques bottes de foin et c’est au tour du Lou Tavano sextet de nous offrir un excellent concert totalement acoustique. Les musiciens se sont prêtés au jeu de ces conditions difficiles et le public fut emporté dés les premières notes par leurs compositions mêlées de poésie et de contes. Ces conditions un peu extrêmes ont créé une ambiance d’une chaleur et une connivence rare avec les spectateurs dont chacun se souviendra sans doute longtemps.
Pour la deuxième journée le temps est revenu au beau et le restera jusqu’au bout. Le coup d’envoi de la journée est donné sur la petite scène extérieure par le groupe Malna, composé de 5 talentueux jeunes musiciens, étudiants au Centre des Musiques Didier Lockwood et qui proposent déjà une musique très aboutie..
Puis c’est au tour de Laura Perrudin, harpiste et chanteuse très prolifique depuis quelques temps, de sublimer les magnifiques paysages qui entourent cette endroit, par un très beau concert. Son univers, très poétique et sensible nous emporte au fil de ses mélodies sinueuses et s’accorde à merveille avec la nature environnante . On a rarement entendu une harpiste développer des harmonies aussi riches avec autant d’aisance et sa voix s’y mêle parfaitement.
Après s’être régalé de la restauration 100% locale et bio préparée par la super équipe de bénévoles et avoir flâné autour du stand de disque à la recherche de la perle rare, les festivités reprennent avec Bojan Z et Julien Lourau en duo. On ne les présente plus, tant ils ont été actifs depuis 20 ans. Et cette fois encore ils ont été à la hauteur de leur réputation . Une énergie bouillonnante se dégage de ce duo et leur complicité transpire tout le long du concert. Le public ne s’y trompe pas et leur réserve un accueil très chaleureux.
Pour finir la soirée le 4tet The Watershed avec Tony Paeleman aux claviers , Christophe Panzani au saxophone, Karl Jannuska à la batterie et Pierre Perchaud à la guitare, part dans l’inconnu pour une improvisation de plus d’une heure et nous embarque dans des ambiances les plus planantes jusqu’à des grooves puissant et hypnotiques.
Le dimanche on se remet à peine de la veille et c’est reparti dès 14h avec Malna puis le nouveau trio de Philippe Parant. Excellent guitariste charentais, il a trouvé par sa collaboration avec le batteur Emile Biayenda et le contrebassiste Guillaume Souriau, un parfait écrin pour sa musique et une fraîcheur qui fait plaisir à entendre et à voir.
Avant de migrer vers la grande scène, les amateurs n’ont pas manqué de visiter la remarquable exposition de pochettes de 45 tours Jazz. Un travail exceptionnel de recherche et de composition par tableaux thématiques mené par Roger Bertrand.
Arrive le moment du concert du Quartet de Géraldine Laurent, très attendu par les fidèles qui n’ont pas été déçus . Il nous a livré une musique très intense et généreuse pour le plus grand bonheur des spectateurs, très expressif aussi. La fougue de la saxophoniste s’accorde au mieux avec le jeu explosif de Paul Lay au piano et on est impressionné par le swing produit par la rythmique formé par le contrebassiste Yoni Zelnik et le batteur Donald Kontomanou .
Enfin le concert de clôture nous réserve une belle surprise. Les musiciens de Art Sonic viennent s’installer autour d’une table au cœur du public, après avoir poussé quelques bottes de foin. Une fois la table garnie de verres de vin et de pâté ( bio…) le concert peut commencer et c’est parti pour une heure de valses musette fort bien arrangées pour Quintet à vent avec Joce Mienniel à la flûte, Sylvain Rifflet à la clarinette, Sophie Bernado au basson, Cedric Chatelain au Hautbois, Baptiste Germser au cor et Didier Itthursarry à l’accordéon. Aucune sonorisation pour ce concert. On retrouve presque une ambiance de place de village, le public encercle les musiciens et cela entraîne un air de fête et une très belle communion pour clôturer le festival . Même si comme chaque soir à Respire la soirée se terminera par une jam session mémorable ou tous les musiciens présents on fait durer le plaisir jusqu’à très tard dans la nuit.
Saluons enfin le très beau travail de l’équipe de bénévoles, réunie autour de Roger Perchaud (ci-dessus en ouverture de l’article), qui a sûrement déjà en tête la programmation de l’année prochaine, 9e édition, en chemin pour les bientôt 10 ans….
Texte d’après et avec l’amicale autorisation de Action Jazz
Photos J.Paul Gambier
