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Lee MORGAN “The Complete Live at the Lighthouse”

LES COFFRETS DE NOËL

“The Complete Live at the Lighthouse”

Lee Morgan : tp-bugle / Bennie Maupin : ts-fl-bcl / Harold Mabern : p / Jymie Merritt : b : Mickey Roker : dr + Jack DeJohnette : dr

Blue Note / Universal

En plein mitan de juillet 1970, Lee Morgan est depuis quelques soirées l’invité du Lighthouse d’Hermosa Beach (Californie). Pour le trompettiste, natif de Philadelphie, à part quelques déboires sentimentaux et quelques dents cassées suite à une mystérieuse rixe, tout baigne : employé par Dizzy Gillespie puis pilier des Jazz Messengers, il a croisé la route de John Coltrane, Jackie McLean, Billy Harper, et surtout, a enregistré quelques mémorables galettes pour le label de Francis Wolff (le très remarqué The Sidewinder)

Le premier set du 10 juillet permet aux spectateurs (attentifs !) de découvrir le saxophone ténor rugueux et quasi-coltranien –et pas encore headhunter– de Bennie Maupin. Le leader offre quelques lettres de noblesse de plus au bugle qu’il venait d’adopter. Harold Mabern oublie le piano droit du Lighthouse pour s’élever en denses envolées mccoytyriennes, Jymie Merritt assure sans prendre le moindre solo et Mickey Baker demeure l’idéal représentant d’un hard bop vif et brûlant. La flûte sortie de son étui, Maupin déséquilibre quelques peu l’harmonie d’une orthodoxe samba (I Remember Britt) tandis que son leader peine à trouver ses marques. Le court second set vient de débuter et Absolutions aux faux-airs de l’Africa/Brass de Trane –malgré un quelconque solo du contrebassiste- explore une modalité fracturée. C’est la clarinette (très) basse et (très) convulsive de Bennie Maupin qui introduit Neophilia et par conséquent le troisième set. Plus tard, The Sidewinder, l’éternel hit du trompettiste, fera monter la température de quelques degrés centigrades. C’est Peyote, splendide composition du saxophoniste qui ouvre le quatrième set : ténor flamboyant, trompettiste loquace, section rythmique exemplaire, la maîtrise est, ici, totale. Pour Speedbal, générique final, cette fois-ci joué dans son entièreté Jack DeJohnette remplace Mikey Roker : légers flottements avant chorus costaud de chacun (celui du saxophoniste est littéralement incendiaire) et accompagnement explosif du batteur.

La soirée du 11 juillet (arrêtons-là la description set par set), la machine à swing tourne à plein régime : tempos ultra-rapides (Aon) ou ballades sensuelles-sensibles (Yunjana), les deux souffleurs rivalisent d’audace et de naturel. La majeure partie des thèmes sont signés de la plume de Maupin, lequel se taille la part du lion (résurgences coltraniènnes au ténor, suavité d’une flûte fugace) et délivre sur Neophilia (CD 6 – plage 1) un solo de clarinette basse doux et enveloppant passant du très grave au cri profond, propulsant, de fait, ses partenaires vers le sommet du coffret. Plus tard, le pianiste animera l’intime le temps d’un ébouriffant solo sur Peyote.

La dernière soirée enregistrée (12 juillet) sera l’occasion de mieux découvrir le talent et l’à-propos de Mikey Roker. Natif de Granville, familier des trompettistes (Morgan, Gillespie, Art Farmer, Roy Eldrige, Thad Jones…), il excelle ici dans les rythmes afro-latins (Something Like This), s’adapte intelligemment aux changements de tempos proposés par le contrebassiste (Yunjana), rend la samba swinguante (I Remember Britt), rejoint Elvin sur ses terres coltraniennes (Absolutions) et offre des solos spectaculaires (The Beehive).

Deux années plus tard, le trompettiste sera assassiné par son ex-compagne en plein set au sein du Slug’s Salon new yorkais. Réjouissons nous donc de ce coffret (8 CD ou 12 LP pour 8 heures jusqu’ici inédites) que vient de rééditer Blue  Note. Joyeux Noël !

Luc BOUQUET

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