DISQUE DU MOIS
Proposé par J.Paul GAMBIER
Chez Christophe Monniot, tout commence par un chant d’oiseau. Le saxophoniste semble parler à la nature, mêlant souffle et mystère. Sur Hypersensitivity, son nouvel album, il fait résonner les aigus du sopranino comme un écho au paradis sonore de Messiaen, tandis que les premières et dernières pièces, A Lobster in a Tropical Garden et A Whale in the Tropical Forest, ouvrent un dialogue imaginaire entre terre, mer et ciel.
Si Monniot s’appuie sur la formule éprouvée du quartet, il la traverse, la transforme, la fait dialoguer avec l’électronique, l’atonalité et l’improvisation libre.
Le jazz, chez lui, reste mouvant, habité par ce swing et cette expressivité qu’il n’a jamais cessé d’entretenir. Le morceau Blow What, clin d’œil à So What de Miles Davis, illustre à merveille cette liberté : un thème revisité à la manière d’un puzzle sonore, où chaque détour mène vers l’inattendu.
Autour de lui, Sophia Domancich, splendide, Felipe Cabrera, essentiel et Denis Charolles, efficace, forment un quartet complice et dense, ancré dans le présent. Ensemble, ils construisent une musique en équilibre instable, entre structure et improvisation, ferveur et retenue.
Hypersensitivity confirme une fois de plus que Christophe Monniot n’est pas seulement un virtuose : c’est un poète du son et un passeur d’émotions.
























