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Jazzèbre en toute liberté

JAZZ IN était doublement invité à cette édition 2023 de Jazzèbre, pour l’exposition photo Jazz actu.ELLES (qui a fait l’objet d’un article le mois dernier) et surtout pour découvrir une programmation chaleureuse et foisonnante.
Florence Ducommun [FD] et Jean Yves Molinari [JYM] s’y sont relayés pour nous en relater, en texte et en images, une sélection de rencontres d’exception. Yann Causse s’est livré à une série d’entretiens complices au fil du festival et en bonus, Christian Pouget est venu nous apporter son concours.


ANA CARLA MAZA / vendredi 29 septembre (Perpignan)

Interview par Yann Causse

LES CADENCES DU MONDE – LOUIS SCLAVIS 4tet / samedi 30 septembre (Perpignan)

18h30, le public se presse au Théâtre Municipal. Après avoir entendu cet été Louis Sclavis en trio à Buis les Baronnies (avec Vincent Courtois et Aki Takase), le quartet qui joue devant nous ce soir “Les Cadences du Monde” était inratable. Le disque enregistré et mixé par Gérard de Haro à La Buissonne, est sorti l’an passé en mai sur le label JMS et c’est le violoncelliste Vincent Courtois qui remplacera Annabelle Luis, Bruno Ducret restant le second violoncelle tandis que le percussionniste franco-indien Edouard Prabhu prendra la place du renommé Keyvan Chemirami.
Jean-Yves Molinari s’est glissé en coulisse lors de la balance, ambiance.


Le théâtre au complet est tout ouïe devant ces musiciens hors pair qui joueront plus longtemps que prévu devant l’enthousiasme de la salle. Un concert-voyage totalement dépaysant bien évidemment avec cette couleur que sait amener Louis Sclavis, la trame et le titre des compositions amenant tantôt vagabondage, rêverie ou contemplation puisque le saxophoniste et clarinettiste a voulu que la musique rentre en résonance avec l’ouvrage du photographe Frédéric Lecloux “L’Usure du Monde ” qui est lui-même un hommage au livre du voyageur Nicolas Bouvier, “L’Usage du Monde”. Louis Sclavis mène son monde au propre comme au figuré avec brio, amenant les différentes compositions toutes plus belles les unes que les autres et en particulier un superbe Conte d’Un Jour dont il a oublié la partition, montrant son art de l’improvisation. Le talent de Vincent Courtois n’est plus à démontrer et celui de Bruno Ducret n’a pas à pâlir de croiser le fer avec son aîné ; il m’a vraiment impressionnée par sa maturité, son écoute, sa faculté à s’accorder aux autres. Quant à Edouard Prabhu, que je découvrais ce soir, la grâce de son jeu aux tablas m’a transportée et je vous invite à le découvrir si ce n’est pas déjà fait.

[FD]


L’entretien entre Louis Sclavis et Yann Causse fera l’objet d’une publication séparée.


KAHIL EL’ZABAR 4tet / samedi 30 septembre (Perpignan)

Même soir à 21h30 c’est le compositeur multi-percussionniste de Chicago Kahil El’Zabar qui est venu en quartet jouer autour de son dernier disque “A Time For Healing” paru l’an dernier sur le label Spiritmuse.

Jean-Yves Molinari était là pour couvrir la balance du groupe, à la fin de laquelle Kahil El’Zabar a répondu aux questions de Christian Pouget.


Interview par Christian Pouget

Accompagné de Corey Wilkes à la trompette, Justin Dillard au clavier et Alex Harding au saxophone baryton, il a fortement impressionné un auditoire composé de connaisseurs ou de mélomanes curieux de découvrir à Perpignan le fondateur dans les années 70’ de l’Ethnic Heritage Ensemble. Dommage pour les absents car la musique de celui qui à l’époque a été désigné par ses pairs “chairman” de l’AACM (Association for the Advancement of Creative Musicians), dont est issu également l’Art Ensemble of Chicago, est immédiatement reconnaissable et captivante. Cette association à l’origine du concept de “Great Black Music” a été la figure de proue du free jazz tout en revendiquant pleinement les racines africaines des musiques noires. Ce concert en était la parfaite illustration.

Longue introduction hypnotique où Kahil El’Zabar qui semble atteindre la transe, tient le rythme d’un bracelet de clochettes à la cheville, tout en jouant le thème répétitif à la kalimba. Ses partenaires tapent sur des claves soutenus par la ligne de basse de Justin Dillard dont le clavier Hammond reste “négligemment” posé à la verticale. Kahil El’Zabar se déplace ensuite vers la batterie puis vers le cajón pour des moments très puissants combinés à des incantations. Les deux cuivres nous offriront des moments exaltants en première ligne d’une musique de communion, intense et habitée. Le public ne s’y trompe pas et les rappelle à deux reprises. Un premier rappel généreux où chacun des membres du quartet a pu tout à loisir développer ses interventions et où le solo du claviériste sera particulièrement jouissif. En toute fin  Kahil El’Zabar revient a capella pour un hommage poignant à sa mère debout seul en scène. Il salue à l’occasion dans la salle ceux qui lui ont remis en mémoire son concert avec l’Ethnic Heritage Ensemble en 1980 à Montpellier. From “Ancient to the Future” (AEC), la Great Black Music est toujours aussi créative.

[FD]



CRIMI / dimanche 1° octobre (Opoul)

Le premier jour d’octobre commence avec un pique-nique musical dominical à Opoul Périllos  quelques kilomètres au nord de Perpignan, non loin des Corbières. C’est le second pique-nique du festival, jolie formule combinant une balade-nature le matin et un repas en commun ensuite. Un superbe château dans un environnement aride domine Opoul et les jambes me démangeant, je monterai le visiter malgré la chaleur en compagnie du clarinettiste Arnaud Rouanet et de la flûtiste Julie Audouin (Trio Antoinette Compagnie 3X2+1).

La température monte encore pour accueillir sur la place du village le quartet CRIMI semi-abrité du soleil (pauvre batteur sans parasol !). CRIMI, comme il est indiqué sur la plaquette du festival, a l’étiquette “rock groove arabo-sicilien”. Kesako ? Julien Lesuisse (saxophone, chant et ewi) a monté ce groupe avec Cyril Moulas à la guitare, Brice Berrerd à la basse et Bruno Duval à la batterie il y a cinq ans environ. Nourri par ses racines siciliennes et fasciné par le raï algérien depuis fort longtemps, le musicien qui fait partie du collectif lyonnais Mazalda affranchi des frontières et des styles, a réussi à construire un pont fort séduisant entre les deux cultures musicales et cela a beaucoup plu au public. Sa voix éraillée très sexy sur des paroles en sicilien en a fait danser plus d’un(e) en marge de la place et ce fut un excellent moment malgré le grand écart avec les concerts de la veille. Mais le jazz est une grande famille n’est-ce pas ? Et avec le chaud soleil, les rythmes du raï et la Sicile en toile de fond, on s’est encore cru en vacances.

[FD]



MORTELLE RANDONNEE – vendredi 6 octobre (Alénya)

Interview de Sébastien Cirotteau par Yann Causse

VORTICE – CLAUDE TCHAMITCHIAN 4TET / samedi 7 octobre (Port-Vendres)

Événement ! Création de VORTICE à Port-Vendres au cinéma Le Vauban, après une semaine de résidence soutenue par Jazzèbre.


Interview par Yann Causse

Claude Tchamitchian nous entraîne dans une déambulation onirique au fil de souvenirs des fêtes foraines de son enfance et ça tourbillonne. Richesse de l’écriture et des impros, imbrication des thèmes magnifiquement servis par la clarinette de Catherine Delaunay, les saxophones de Christophe Monniot, le piano de Bruno Angelini et la contrebasse de Claude : un quartet de rêve, tissé d’amitié et d’affinités profondes. On a le sentiment que cette formation existe depuis longtemps… La féerie est complète grâce au remarquable jeu de lumières de Julie Barnoin, cinquième élément du quartet.

[JYM]



LES RUSTINES DE L’ANGE / dimanche 8 octobre (Thuir)

Six accordéons déjantés pour le traditionnel pique-nique du zèbre. Et six drôles de zèbres revisitant Nino Rota, Marc Perrone ou Led Zeppelin pour une mise en scène tendre et joyeusement décalée, alternant énergie punk et douces valses. On a dansé sous la pinède du Centre hospitalier de Thuir !

[JYM]



CÉLINE BONACINA & LAURENT DEHORS / vendredi 13 octobre (Elne)

En préambule, un rappel historique par Céline Bonacina : c’est à Perpignan qu’elle et Laurent Dehors ont pour la première fois joué ensemble, bien avant leur duo. Puis une brève leçon d’organologie – comment distinguer clarinettes et saxophones – par le professeur Dehors. Il faut dire que la collection d’instruments alignés sur scène est impressionnante, de la clarinette contrebasse au sax soprano, sans oublier musette et kayamb…

Puis nous attaquons le vif du sujet : l’art du duo chauffé à blanc par deux virtuoses. Élégance des lignes mélodiques, sonorités rares et groove irrésistible. Entente télépathique entre les deux musiciens qui alternent solo et accompagnement, passent d’un hommage amusé à Messiaen (Les Oiseaux) à des thèmes chargés d’émotion (Les Petits escaliers, Mimi). De la haute voltige.

[JYM]


Interview par Yann Causse

FIL – LEÏLA MARTIAL & VALENTIN CECCALDI / samedi 14 octobre (Perpignan)

Une fois encore, Leïla Martial nous embarque dans son univers, entre baroque et barré, soutenue par le violoncelle hypnotique de Valentin Ceccaldi. Elle a cette merveilleuse faculté à s’approprier le « répertoire » (Fauré, Purcell, de Falla – ou Barbara) pour en faire du Leïla Martial, ouvrant vers des dimensions inattendues. La musique et les mots basculent, nous bousculent entre drame et légèreté souriante. Puis surgit une évocation à la fratrie, douce parenthèse intime. Une soirée d’émotion, servie par Boris Darley au son, restituant le grain de la voix et la profondeur du violoncelle. Belle résonance dans l’écrin du patio de l’hôtel Pams.

[JYM]


Interview par Yann Causse

Florence Ducommun, textes et photos
Jean-Yves Molinari, textes et photos
Yann Causse et Christian Pouget, interviews
Marion Poudevigne et J.Paul Gambier, assistants

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