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Le retour de David MURRAY

Après avoir inondé de son souffle épique un nombre assez incalculable de disques dans les années 70, 80 et 90, David Murray se fit plus rare par la suite. Son retour, grâce à l’inspiré label Intakt, ne peut que nous mettre en joie.

“See You Out There”

Dave Gisler : g / Raffaele Bossard : b / Lionel Friedli : dr + Jaimie Branch : tp / David Murray : ts

Intakt / Orkhêstra

Invité par le trio de Dave Gisler, comme le fut récemment et encore aujourd’hui Jaimie Branch, David Murray n’a aucun mal à se mouvoir dans l’art “bousculé” voir bousculant du trio helvète.

On démarre en fanfare avec Bastards on the Run, brutal déluge sonique et choral (il fut un temps où l’on appelait cela free jazz). Les choses s’adouciront quelque peu par la suite mais n’abreuveront jamais une quelconque dose de joliesse. On fait dans le sale et le malpoli ici. La trompette de Jaimie Branch est bien de celle qui perce les nuages. Electrique et distorsionnée sans limite, la guitare du leader oublie qu’elle est guitare et perfore autant le céleste que la roche. La batterie à la charge de Lionel Friedli est de celle qui trouvant un tempo le laisserait choir comme une vieille savate. Elle colorise quand la musique le demande mais toujours résulte mordante. Voire très mordante.

Et David Murray, me direz-vous, où se situe-t-il ici ? Il convulse comme un beau diable quand l’occasion lui est donnée, se souvient que son ténor regorge d’aigus ultra-aigus, fait du blues un territoire de folle liberté même si l’on aimerait l’entendre plus souvent au sein d’un trio (+1) enflammé et enflammant.


“Seriana Promothea”

Brave New World Trio
David Murray : bcl-ts / Brad Jones : b / Hamid Drake : dr

Intakt / Orkhêstra

La formule trio sans piano n’est pas chose nouvelle pour David Murray. En compagnie de deux immenses improvisateurs américains récemment installés en Italie (Hamid Drake à Rome, Brad Jones à Venise), le saxophoniste-clarinettiste n’a jamais autant paru à l’aise qu’ici.

Clarinette basse épanouie, mélodique, bien installée en un cercle dansant (Seriana Promothea), ténor amateur de ruades et de déambulations imprévisibles (Necktar), souffle soucieux de se souvenir des glorieux aînés (Hawkins & Webster in Metouka Sheli), vastes étendues empruntées avec panache (Rainbows for Julia), samba retrouvée et magnifiée (Switchin’ in the Kitchen), binaire assumé et assuré sans lourdeur (If You Want Me to Say), folles enjambées d’antan et d’aujourd’hui (Am Gone Get Some), David Murray ne peut trahir ce qu’il a toujours été et demeure : un grand lyrique prêt à pas mal d’audaces.

Mention sans faute quant à ses deux compères, toujours épris de justesse, toujours intenses et jamais en démonstrations inutiles. Un quatrième homme mérite d’être nommé, il s’agit de Michael Brändi, l’ingénieur du son et auteur du mixage de cet album. On ne le dira jamais assez : une belle prise de son est toujours bonne à prendre en ces tristes temps de MP3 morbides.

Luc BOUQUET

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