JAZZ A OPPEDE Première édition (1 et 2 juillet 2022)
Assister à la toute première édition d’un festival est riche en émotion(s). D’abord parce qu’en cette période de repli sur soi, voir une équipe soudée se donner corps et âme pour que tout fonctionne fait chaud au cœur. Ensuite et surtout, parce qu’animer une manifestation comme celle-ci est un pari risqué. Et, ici, totalement réussi !
Tout a superbement commencé le vendredi soir par le Home Trio + 1 (Rémi Charmasson, Eric Lonsworth, Bruno Bertrand, Maxime Atger).
Le samedi sur le coup de 17 h en bordure d’Oppède-le-vieux et au milieu de pins centenaires (ou bien s’agissait-il de chênes), le saxophoniste-clarinettiste Robin Fincker nous proposait de « jouer pour les arbres ». L’exercice du solo est assez rare chez Robin et il l’avoua lui-même. On sait tous que le musicien en solo est toujours en danger. Et c’est précisément dans ces moments-là que l’improvisateur est véritablement lui-même. Aucune démonstration ici : la phrase se veut mélodique ou enrouée, les harmoniques se jouent du chant des cigales comme autant de métronomes déréglés, quelques anges protecteurs nommés Lee Konitz ou Steve Lacy s’invitent ici et là. Le souffle ne se veut jamais économe et prend son temps pour s’éclipser. Le temps s’oublie, s’arrête. Et c’est déjà terminé.
En fin de journée se produisit le trio Robin Fincker–Bernard Santacruz–Samuel Silvant. Ces trois-là possèdent un lyrisme à revendre. Leur jazz coule de source. Source claire et limpide est-il utile de le préciser. Rien ne se brouille ici, tout résonne d’un naturel partagé. Tempos ouverts, rubatos (on pense parfois à Charles Llyod) ou solidement surveillés par la paire Santacruz-Silvant (un swing jamais démenti), la source jamais ne se dessèche.
Signalons la participation de producteurs locaux et bios venus vendre leurs fruits et légumes, autre riche idée de Jazz à Oppède, association menée tambour battant par Anne-Marie Parein. Reste à mieux rendre visible une manifestation dont on attend déjà la seconde édition. Comme le disent les autochtones : a l’an que vèn !
Luc BOUQUET, texte
DR, photos
