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Thomas DE POURQUERY

Thomas de Pourquery par Christophe Alary
Thomas de Pourquery par Christophe Alary

Derrière une barbe empruntée à Sébastien Chabal, Raspoutine ou Barberousse le pirate, le lauréat des Victoires du Jazz 2014 cache une grande empathie pour ses semblables et sa musique généreuse est l’écho d’un talent aux multiples facettes. Ayant commencé le saxophone alors qu’il se destinait à une carrière de rugbyman, Thomas de Pourquery donnera sa préférence définitive au cuivre de son instrument plutôt qu’au cuir du ballon ovale pour entrer dans le monde d’un jazz qu’il va bousculer par sa personnalité hors normes.

Au-delà de ses collaborations à divers orchestres dont le Megaoctet d’Andy Emler n’est pas le moindre, Pourquery n’est pas un cachetonneur mais un homme de projets. Avec le formidable tromboniste Daniel Zimmermann, il créé au début des années 2000 le groupe DPZ qui fit gronder le tonnerre cet été au festival charentais Respire Jazz. Entre langueurs mélancoliques et débordements rageurs sur des rythmiques incandescentes, le quintet qui s’est électrifié au fil des ans offre un son unique qui retaperait un souffreteux en moins d’ deux.

Jamais à court d’idées, il invente aussi The Endless Summer, un orchestre qui fonctionne tantôt comme un big band, tantôt comme un ensemble de musique de chambre, l’essentiel étant de nous emmener avec ses musiciens dans leur « éternel été ». Comme il le dit, c’est fait « pour ceux qui en ont marre des niaiseries et des laquais du showbiz. Délicieusement malicieux et férocement sexy ».

En bon rugbyman, Thomas de Pourquery est un musicien qui ose et, avec son projet Supersonic Sun Ra, sa témérité l’a fait s’attaquer ces derniers temps à un véritable mythe. Gourou, imposteur ou génial créateur selon que l’on s’adresse à ses fans ou à ses détracteurs, Sun Ra secoua le free jazz des années 70 au point d’en faire une fête. On n’a jamais été sûrs de sa date de naissance ni de son vrai nom, pas plus qu’on ne prenait au sérieux sa « philosophie cosmique » et ses prédications quant au débarquement des extra-terrestres. Mais quand il arrivait sur scène coiffé de son némès de pharaon, vêtu d’or au milieu de ses musiciens et de ses danseuses, on savait bien qu’une messe étrange allait être dite pendant deux ou trois heures. Une messe noire devait penser le ministre de l’intérieur Raymond Marcellin qui fit interdire l’un de ses concerts à Paris en 1971, renvoyant chez eux les 3500 spectateurs qui s’apprêtaient à communier dans le cirque Jean Richard installés aux Halles à cette époque. Sans doute le ministre avait-il lu auparavant le journal Minute qui voyait dans le succès du free jazz « le triomphe de la culture négroïde ».

Remettant à l’honneur à sa façon la musique inclassable de cette icône du free jazz, Thomas de Pourquery reprend aussi à son compte l’une des citations fameuses de ce roi-soleil du jazz : « Ma musique va d’abord faire peur aux gens car elle représente le bonheur et ils n’en ont pas l’habitude ». Alors, ne boudons pas ce bonheur !

Philippe VINCENT    

ANDY EMLER & THOMAS DE POURQUERY  seront en duo le 09 oct 2014 - 20h30 à PERPIGNAN - Théâtre Municipal dans le cadre du Festival JAZZEBRE

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