In Rome

Thomas Fonnesbaek

Thomas Fonnesbæk (b), Enrico Pieranunzi (p), Rosario Giuliani (s), Roberto Gatto (dr), Valentina Ranalli (voc)

Storyville / UVM

Date de sortie: 01/11/2024

DISQUE DU MOIS

Proposé par Philippe Vincent

Depuis longtemps le Danemark est une sorte de deuxième patrie du jazz. Stan Getz, Dexter Gordon, Ben Webster, Kenny Drew ou Horace Parlan y ont résidé et certains d’entre eux y ont trouvé leur dernière demeure aux côtés de Thad Jones ou de Duke Jordan. Le Jazzhus Montmartre y est vite devenu l’un des clubs les plus célèbres d’Europe, là où furent enregistrés de nombreux disques live (ajoutons Roland Kirk, Eric Dolphy ou Thelonious Monk aux danois d’adoption) souvent publiés sur des labels de Copenhague qui devinrent des porte-étendards du jazz international (Steeplechase, Storyville ou plus récemment Stunt Records). Pas étonnant alors que ce petit pays fut un terreau fertile pour un tas de musiciens nationaux, particulièrement pour des contrebassistes comme Bo Stief, Jesper Lungaard ou l’immense Niels-Henning Orsted Pedersen qui devint vite le partenaire des plus grands noms du jazz. C’est dans cette lignée que s’inscrit Thomas Fonnesbaek qui apparait aujourd’hui comme l’un des plus doués de sa génération. Nous l’avions découvert il y a une dizaine d’années aux côtés de la merveilleuse chanteuse Sinne Eeg avec laquelle il signa deux albums superbes dans l’exercice difficile du duo voix/contrebasse. Ce ne fut donc pas une surprise de le voir enregistrer à deux reprises quelque temps plus tard avec Enrico Pieranunzi, pianiste dont les références en matière de contrebasse furent, entre autres, Marc Johnson et Hein van de Geyn avec qui il fit de nombreux disques. Les voilà donc réunis à nouveau, mais dans un tout autre contexte, celui d’un orchestre très italien composé de musiciens qui ont tous été, à un moment ou à un autre, des compagnons de route et de musique du pianiste. Ce disque pourrait d’ailleurs être co-signé par Pieranunzi et Fonnesbaek car, non content d’amener l’intégralité de l’orchestre constitué de musiciens transalpins, Pieranunzi est aussi l’auteur de la grande majorité des compositions, ce dont on ne saurait se plaindre. A l’heure où beaucoup de musiciens européens se veulent compositeurs, il est l’un des rares à apporter des morceaux qui peuvent s’inscrire dans un répertoire vraiment international. Sur ce programme bien choisi, Fonnesbaek caresse sa contrebasse avec la virtuosité et la musicalité qu’on lui connait maintenant, alternant entre des solos inspirés et un jeu plein d’humilité derrière des musiciens d’excellence dont on a l’impression qu’ils jouent ensemble depuis des lustres. Voilà un petit bonheur pour commencer l’année.

[PhV]

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