Un saxophone (ou une clarinette basse) et une batterie pour crier sa révolte suite à la destruction de l’hôpital Al Shifa à Gaza. Cette colère qui est aussi soutien met en scène Tiri Carreras et Sylvain Guérineau, deux habitués aux « free éclats ».
Le souffle de Guérineau c’est ce souffle qui perpétue celui des ténors du jazz. On y retrouve les âmes de Trane, d’Ayler mais pour qui sait écouter plus profondément celles de Lester, Coleman Hawkins ou Paul Gonsalves. A la clarinette basse, il choisit les notes les plus graves, les plus vibratoires. C’est un paquebot naviguant sur mer d’huile mais sondant également quelques récifs intrépides.
Tiri Carreras nous confirme que le rythme est question d’intériorité et que depuis un certain Sunny Murray les barres de mesure ont gagné en flexibilité. Carreras sait aussi parfaitement entourer le silence et ne jamais tomber dans le piège courant de la surproduction.
Ensemble, libres, tendres et attentifs, fougueux et vengeurs, ils militent pour que cesse l’indigne et qu’apparaisse un chant de fraternité ouvert à tous.
Luc BOUQUET