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SÉLECTION DE DISQUES DE NOVEMBRE

ozmaOZMA “Welcome Home”

Cristal/H.Mundi

En quinze ans d’existence, voici le 6ème album d’un groupe à géométrie variable fondé par une paire rythmique pour qui perdre une once de groove est un sacrilège. La liberté propre au jazz associée à l’énergie du rock (avec parfois une pincée d’électro) ne suffisent pas à définir cette musique généreuse, jubilatoire, excitante et parfois aventureuse. Comme un son venu d’ailleurs, OZMA veut bousculer les genres établis pour remettre au centre du jeu le plaisir de jouer. Et d’écouter. Ajoutons que le mixage de Boris Darley (véritable magicien du son qui officie chaque année en direct au festival Respire Jazz ) réussit à concilier le gros son d’une mixture musicale transgenres et la précision de chaque instrument. Une musique du plaisir.

PV


loislevan-so-much-moreLoïs Le Van “So Much More”

Hevhetia / Musea

Voilà un chanteur du siècle nouveau pour qui la voix est instrument avant d’être vecteur d’ego. Ses références vocales sont féminines, peut-être parce que sa voix medium peut l’emmener vers des hauteurs inaccessibles à certains de ses collègues. Il avoue pourtant son attachement à Chet Baker pour l’émotion céleste que suscite son timbre et son phrasé, et pour David Linx avec qui il travailla cinq ans au Conservatoire Royal de Bruxelles. Mais c’est l’élégance et le vertige poétique dans lequel il nous entraîne dès le premier souffle de sa voix qui marque vite ce disque du sceau du talent. Au milieu d’un répertoire original tant pour la musique que pour les paroles, seul Alifib de Robert Wyatt fait référence à un domaine connu, là où ce jeune homme invite l’auditeur à un grand saut dans l’inconnu et à un voyage dans son intimité musicale. Il faut dire que Loïs Le Van est bien aidé dans sa quête de la grâce par un trio sans batterie où chaque musicien est merveilleusement à sa place. Sylvain Rifflet (saxophone et clarinette), Bruno Ruder (piano) et Chris Jennings (contrebasse) escortent de divine façon le chanteur jusqu’à la fascination de l’auditeur, pour peu que celui-ci soit aussi audacieux que l’artiste. Voilà sans doute pourquoi Patricia Barber dit de lui : « Voilà celui qui manquait au monde des vocalistes masculins, il peut vous briser le cœur ».

PV


jassJASS “Mix of Sun and Clouds”

Yolk Music / L’Autre Distribution

Quatre individus déguisés pour l’occasion en jardinier posent sur la pochette (arrosoir, râteau, plantoir et tuyau d’arrosage pour tout accessoires de scène), le label « Yolk Bio » apparaissant en bas de la photo. On voit vite qu’il s’agit d’une mise en scène mais on ne sait peut-être pas que ce carré d’as est constitué d’Alban Darche (sax ténor), Samuel Blaser (trombone), Sébastien Boisseau (contrebasse) et John Hollenbeck (batterie et percussions). Depuis des années le nantais Yolk nous a présenté ses productions enracinées dans un terreau musical souvent expérimental, il nous a fait connaître l’excellent saxophoniste Mathieu Donarier, et il nous présente ici avec quatre cadors du genre ce qui pourra être pour certains une excellente initiation à ce qu’on appelle souvent à tort « musique improvisée ». Curieux, aventureux et amateurs ne pas s’abstenir.

PV


zimmermannDaniel Zimmermann “Montagnes Russes”

Label Bleu / L’Autre Distribution

Après l’album « Bone Machine » qui nous avait enthousiasmé, Daniel Zimmermann confirme avec ces Montagnes Russes » qu’il n’est pas simplement l’un des meilleurs trombonistes de son temps. On savait depuis le groupe DPZ qu’il créa avec Thomas de Pourquery que le funk le plus débridé ne lui faisait pas peur, mais ce sont des influences multiples qu’il arrive ici à unifier avec un quartet dont le son (trombone, guitare, rythmique) sort des sentiers rabattus. Aussi agile sur son instrument que d’autres le sont au saxophone ou à la trompette, il ne tire jamais la couverture à lui, laissant la musique du quartet s’envoler où bon lui semble. Les tambours de Julien Charlet (batteur aussi à l’aise dans les contextes binaires que ternaires) fusionnent avec la basse de Jérôme Regard pour offrir un tremplin olympique à la guitare électrique et éclectique de Pierre Durand ou au cuivre à coulisse du leader. Quant aux ballades, il sort du pavillon de Zimmermann ce surplus d’humanité qui rend notre monde un peu plus vivable.

Philippe VINCENT  (PV)

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