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Anglet Jazz Festival, envers et contre tout virus !

Pour sa quatorzième édition, le festival de jazz d’Anglet a réussi à passer à travers les gouttes de ce foutu virus qui plombe le monde entier depuis six mois. Sa structure organisatrice, l’association Arcad, n’a pas tremblé et la ténacité de sa directrice, Agnès Zimmerman, a permis de maintenir une manifestation maintenant bien installée dans le paysage culturel de la Côte Basque.

Le directeur artistique Marc Tambourindeguy, pianiste de son état, avait, comme souvent, fait une place de choix à la formule piano-basse-batterie, une formation incontournable dans l’histoire du jazz. Et, une fois de plus, il ne s’était pas trompé dans ses choix. Innovant cette année en ajoutant la soirée du jeudi au programme de la grande salle du Théâtre Quintaou, c’est le trio du jeune pianiste Dexter Goldberg qui eut la charge d’ouvrir les débats. Avec Bertrand Béruard à la contrebasse et Kevin Lucchetti à la batterie, le jeune pianiste confirma vite tout le bien qu’on pensait de lui après avoir écouté son premier disque (Tell Me Something New paru chez Jazz&People). Formé d’abord comme percussionniste classique avant d’opter définitivement pour le piano à l’adolescence, il a un sens de l’attaque et un phrasé vif et brillant qui pourraient faire de lui un lointain héritier de Herbie Hancock. S’il ne s’interdit pas les structures assez complexes, il sait les dissimuler pour laisser l’auditeur se faire envahir par le groove et le plaisir de jouer qui l’anime avec ses deux compères. Le public ne s’y trompa point et lui fit une ovation largement méritée, ce qui prouve, une fois de plus,  qu’il ne faut pas hésiter à faire de la place à des jeunes musiciens peu connus.

Dexter Goldberg Trio

17 septembre – 20h30
Théâtre de Quintaou

Dexter Goldberg (Piano) / Bertrand Béruard (Contrebasse) / Kevin Lucchetti (Batterie)

Autre trio de haut vol, celui de Laurent Coulondre (à l’affiche le samedi) qui présentait son hommage à Michel Petrucciani. S’il est encore jeune, Coulondre n’est plus un débutant mais il a vraiment pris son envol après son album Schizophrenia (« Révélation » Jazz Magazine 2015) et les multiples distinctions qui suivirent. Lui aussi commença par la percussion et le rythme lui est resté dans le sang, soutenu par Jeremy Bruyère et un André Ceccarelli toujours jeune. Dans son répertoire, rien est à jeter. Des morceaux de Petrucciani, bien sûr, mais aussi quelques compositions personnelles (Laura) et on se souvient aussi  des  Grelots, magnifique pièce d’Eddie Louiss qui ouvre l’album Conférence de Presse que les amateurs connaissent bien. Musicalité, groove et une virtuosité qui ferait croire que le clavier n’est pas assez grand pour lui, tout est là pour célébrer le jazz. Si on ajoute un sens naturel de la communication avec le public, il n’est pas étonnant qu’il ait remporté un triomphe.

Laurent Coulondre Trio

19 Septembre – 20h30
Théâtre de Quintaou

Laurent Coulondre (Piano) / Jérémy Bruyère (Contrebasse) / André Ceccarelli (Batterie)

Derrière lui, la tâche n’était pas facile pour un dernier trio haut de gamme formé par trois vieux briscards qui ne s’en laissent pas compter. Benoît Sourisse (orgue), Louis Winsberg (guitare) et André Charlier (batterie) avaient choisi de jouer le répertoire qu’ils ont construit autour de la musique de Michael Brecker, laquelle est sans doute d’un abord plus difficile et moins chaleureux que celle de Petrucciani. Il n’en reste pas moins que les trois compères avaient une envie de jouer chevillée au corps (le Covid a raréfié les occasions de jouer) et qu’ils firent une prestation remarquable, mises en place au cordeau et solos superbes à l’appui.

Charlier / Sourisse / Winsberg

19 Septembre – 22h00
Théâtre de Quintaou

André Charlier (Batterie) / Benoît Sourisse (Orgue Hammond) / Louis Winsberg (Guitares)

Outre les trios, le deuxième thème du festival était la musique cubaine. Le jeudi, le quintette du guitariste-chanteur Joel Hierrezuelo offrit un mélange fusionnant différents styles sans réussir à  vraiment conquérir un public encore sous le charme de la fraîcheur du trio de Dexter Goldberg.

Joël Hierrezuelo 5tet

17 septembre – 22h00
Théâtre de Quintaou

Joël Hierrezuelo (Guitare, Chant et Percussions) / Felipe Cabrera (Contrebasse) / Pierre de Bethmann (Piano) / Lukmil Perez (Batterie) / Sylvain Gontard (Trompette)

le lendemain, dans une soirée qui lui était toute entière consacrée, El Comite d’Irving Acao et de Carlos Sarduy mit le feu aux poudres. La partie n’était pourtant pas gagnée d’avance car le saxophoniste et le trompettiste avaient dû remplacer leurs musiciens pour cause de Covid. Heureusement, la communauté cubaine de Paris est riche en talents et une longue répétition de trois heures l’après-midi même finit de serrer les boulons. Ainsi, Leonardo Montana (p), Felipe Cabrera (b), Inor Sotolongo (perc) et Franck Durand (dms) apparurent au concert comme s’ils étaient membres du groupe depuis des lustres. Ce fut deux heures d’un concert magnifique où la joie de jouer le disputait à la joie d’écouter d’un public qui était venu nombreux. Sur un tapis rythmique permanent se succèdent des solos plus brillants les uns que les autres, nous rappelant une fois de plus que la musique cubaine fait oublier sa complexité par une incitation permanente à la danse. Les superlatifs fusaient à la sortie de la salle après ces deux heures passées en un instant.

IRVING ACAO & CARLOS SARDUY
by el Comite

18 septembre – 20h30
Théâtre de Quintaou

Irving Acao (Saxophone) / Carlos Sarduy (Trompette) / Leonardo Montana (Piano) / Felipe Cabrera (Contrebasse) / Inor Sotolongo (Percussions) / Franck Durand (Batterie)

Puis vint la traditionnelle journée “Jazz sur l’herbe”, sorte de dimanche à la campagne dans le magnifique parc du château de Baroja où la gratuité incite les gens à venir de tous horizons autour d’un piquenique champêtre et aux pieds d’une scène dressée pour l’occasion. Le MAAJ 5tet débuta l’après-midi avec Jane Cockell au chant, Marc Tambourindeguy lui-même au piano, Pascal Ségala (autre membre de l’organisation) qui avait laissé sa guitare pour la batterie, Laurent Chavois à la basse et Stéphane Barbier au sax ténor. Au milieu de compositions originales et de standards du jazz voire de la pop, on eut la bonne surprise d’entendre The Bitter End, chanson de l’excellente danoise Sinne Eeg que l’on aimerait voir plus souvent en France.

MAAJ 5tet

20 septembre Jazz Sur l’Herbe – Domaine de Baroja

Jane Cockell (Chant) / Marc Tambourindéguy (Piano) / Pascal Ségala (Batterie) / Laurent Chavoit (Contrebasse) / Stéphane Barbier (Saxophone ténor)

Puis ce fut The Soul Jazz Rebels, groupe bordelais aux accents funky, avant de retrouver l’enfant du pays, Jean-Marie Ecay guitariste qu’on connait bien et qui arrivait de Milan pour se produire en trio avec deux musiciens espagnols. Pluie évitée en ce dimanche en plein air, Covid contourné les trois soirs précédents au Théâtre Quintaou, cette quatorzième édition aura finalement été un succès obtenu de haute lutte par une équipe qui n’a jamais baissé les bras en ces temps difficiles pour la musique en concert. Bravo !

The Soul Jazz Rebels

20 septembre Jazz Sur l’Herbe – Domaine de Baroja

André ChaJean Vernhères (Saxophone Ténor) / Cyril Amourette (Guitare) / Hervé Saint Guirons (Orgue Hammond) / Antoine Fillon (Batterie)

Jean-Marie Ecay Trio

20 septembre Jazz Sur l’Herbe – Domaine de Baroja

Jean Marie Ecay (Guitares) / Jose Agustin Guerenu (Basse) / Borja Barrueta (Batterie)


Texte: Philippe VINCENT

Photos: Marylène CACAUD

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