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Cecil TAYLOR “At Angelica”&”Corona”

“At Angelica 2000 Bologna”

Cecil TAYLOR

I dischi di Angelica / Orkhêstra

Invité par le festival Angelica de Bologne en 2000, Cecil Taylor se produisit en solo. Un solo de plus ? Que nenni mes amis ! Un solo de CT n’est jamais un solo de plus mais un moment de ravissement absolu traversé de folies furieuses. Ainsi, dès la deuxième minute, la machine Taylor carbure déjà à plein régime. Même sans l’image, le jeu du pianiste demeure un jeu de floraison, un jeu de dédoublement inouï et d’imaginations fertiles. Poserait-on des électrodes sur le cerveau du pianiste en train d’improviser qu’il y aurait de fortes chances pour que la machine ne puisse suivre la cadence.

Sans cesse irrigué par des flux continus, l’ogre Taylor n’est jamais rassasié, jamais ne se laisse aller à un repos pourtant bien mérité si ce n’est pour exalter vocalement ses propres poèmes. Taylor fonce tel un ouragan furieux. Le terme de dextérité n’est plus pour lui tant il a depuis longtemps dépassé l’étape. Mais cette « folie » a son prix : la solitude. Combien de musiciens auront-ils fait jeu égal avec le pianiste ? Jimmy Lyons souvent, Sunny Murray et Andrew Cyrille parfois sans oublier Tony Oxley, ce dernier trouvant aux côtés du pianiste un jeu tout en nuances et aération convenant parfaitement à ce dernier.

Oui, Cecil Taylor est un sportif de haut niveau, un être débordant d’énergies. Ce nouvel enregistrement solo en est la preuve. Ici, 67 minutes de génie pur, de poésie spatiale sans oublier une interview incluse dans le second CD et retraduit en anglais et italien dans le livret. Indispensable.

“Corona”

Cecil TAYLOR

Corbett vs Dempsey / Orkhêstra

Quatre ans plus tôt, Cecil Taylor retrouvait à Berlin son vieux complice Sunny Murray. Petit saut en arrière : c’est à la toute fin des années cinquante que Taylor, Ayler, Shepp, Lacy et Murray posaient les bases de ce « satané » free jazz. Retrouvailles donc.

D’abord publié en numérique par le label FMP au sein de ses Archives Edition et aujourd’hui édité officiellement par Corbett vs Dempsey (une mine d’or pour qui se passionne pour le free jazz autant américain qu’européen), Corona est un enregistrement détonnant-étonnant-déroutant.

La première section est un chœur surexcité (en vérité les musiciens du groupe de Taylor parmi lesquels Dominic Duval, Tristan Hosinger, Chris Jonas, Jackson Krall) entourant la voix du pianiste-poète déclamant sa poésie en une sorte de cérémonial amérindien (Taylor possède des ancêtres indiens ne l’oublions pas).

La seconde section est un duo Taylor-Murray. Le foisonnant est plutôt du côté du batteur (fines mais coupantes cymbales, roulements obstinés de caisse claire) tandis que le pianiste serre peu à peu son jeu (grande leçon d’écoute de la part de Monsieur Taylor) en vue d’un continuum épique-inouï. Ici, un dialogue ardent et jamais interrompu. Ici, un duo en état de grâce total.

La troisième section nous ramène à la première et conclut magistralement ce concert hors-norme. Indispensable bis.

Luc Bouquet

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