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Jazz à Junas 2014 vu par Clap’Coop

Partir à la rencontre du cercle arctique – projet courageux de Jazz à Junas 2014 – est aussi une aventure à risques. Si la proposition, musicalement séduisante, a bien tenu ses promesses, elle s’est aussi heurtée aux éléments, Youn Sun Nah et Erik Truffaz peuvent en témoigner.

Chaque édition du Festival Jazz à Junas a son invité spécial, celui qui au fil des soirées incarne la continuité et la cohérence de la proposition artistique, du thème programmé.

Vagabond Trio par JP Gambier2014, c’est l’année Peirani. Parfait depuis son entrée en piste, en solo, dans l’écrin acoustique du Temple, jusqu’au Trio Vagabond du lendemain, en passant par l’orage qui a confisqué au public le concert de Youn Sun Nah.

Vagabond est bien plus que « le groupe qui accompagne » la diva, ou même que « le trio de Ulf Wakenius » avec Vincent Peirani et Simon Tailleu. C’est une vraie rencontre musicale, entre deux solistes d’exception qui se sont trouvés et reconnus au fil des tournées de la chanteuse. Virtuoses sans ostentation, ils proposent au public, qui ne s’y trompe pas, un moment d’une rare qualité écoute et de respect sensible.

Je ne prendrai pas le risque de me fâcher avec Christian Pouget en contestant sa préférence pour le concert de Marc Ducret [voir son article ci-dessous ] mais il est clair que Junas, cette année, passait d’abord par ces deux moments forts.


Marc Ducret à Junas, par Christian Pouget 

Marc Ducret par JP GambierHasard, coïncidence, ou simple circonstance, l’orage et ses millions de volts, déplaçait dans l’air au-dessus des carrières romaines, ses charges électriques, comme une prémonition annonciatrice du gigantesque projet Tower, sur la scène que la pluie avait déjà inondé.

Ducret transpose en musique, l’univers de l’œuvre de Nabokov, “Ada”, paradoxe d’un monde sans électricité, conduisant du bout de sa guitare électrique, un inhabituel quintet, saxophone basse, trompette, trombone et batterie, avec ses quatre musiciens, virtuoses engagés, Gastard, Tranberg, Malher, Bruun.

Grondement lointain faiblement perceptible, vibrations sourdes du mastodonte de cuivre, tuyaux enchevêtrés de clefs, transportant le souffle de Fred Gastard, comme l’orage qui approche, avec ses éclairs de guitare zébrant le ciel, ses unissons frissonnants trompette et trombone, ses caresses percussives.

Puissante déflagration, la musique éclate après de longs crescendo, violents paroxysmes, incroyable maîtrise de jeu, déferlement électroacoustique, complexité instrumentale, martellement rock jusqu’aux déchirements électriques, apaisement après le chaos musical, calme et lumière renaissant après l’orage et la pluie, impressionnante formation, tour de guet, scrutant aussi loin que possible des horizons sans frontières.


Junas c’est aussi les rencontres plus intimes des concerts gratuits au Temple de la commune.
Ouverts par Peirani, ils ont été l’occasion de s’éloigner du Jazz pour rencontrer les duos vocaux Little Red Suitcase, à l’univers singulier proche de Anja Garbarek, et le duo Shono, chamanes Bouriates de Mongolie.

P1060195Et encore, la journée des ballades Jazz ponctuées par le Collectif Koa et l’orchestre des jeunes du Mini-camp musical encadré par Samuel Silvant et Guillaume Séguron [nous en reparlerons à la faveur d’une série documentaire radio à paraître bientôt ].

Sur la grande scène, la prestation de Tonbruket était programmée en référence au groupe E/S/T. La grande maitrise affichée par le groupe n’a pas su masquer le manque d’émotion qu’inspire sa musique. Le concert de clôture par Nils Landgren Funk Unit aura par contre, et sans discussion, emporté le public de Junas dans la fête et la danse, libératrice.

« Liberation », le mot est lâché. Évocation de Charlie Haden, sur scène comme en coulisse, avec son ami et complice Don Cherry à qui le Quartet Art Déco rendait hommage en ouverture du festival.
G Séguron et D Fournier par JP GambierDoudou Gouirand, Michel Marre, Guillaume Séguron et Denis Fournier sonnent juste et fort dans cette musique festive, à l’ombre d’Ornette.
Denis Fournier confiait que cette aventure musicale collective est «l’affirmation d’un autre rapport à la vie et au monde». Nul doute que chacun des trois autres membres du quartet peut à sa façon témoigner de son attachement à Don, dans leur vie (Doudou), dans leur instrument (Michel), dans leur rapport à la musique (tous). Une musique d’une actualité intacte, servie avec sincérité et talent.

Junas, c’est une équipe, un esprit et un lieu. Cette année, cette bande de Copains (d’abord) ont fait face à l’adversité, dans le respect du public autant que des artistes. Un grand merci à eux toutes et tous.

J.Paul Gambier & Christian Pouget

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