Si les festivals de jazz parsèment le calendrier toute l’année, c’est en été qu’ils battent leur plein. A côté des grosses machines que sont ceux de Vienne ou de Marciac, des manifestations à taille plus humaine maillent le territoire et on y trouve souvent une programmation plus originale et une ambiance plus conviviale. C’est encore le cas cette année, même si certaines d’entre elles ont dû renoncer suite à la baisse généralisée des subventions culturelles et aux finances bien mal en point de certaines collectivités territoriales auxquelles l’Etat demande toujours plus en donnant toujours moins.
Parmi ces « Petits Poucet » du monde festivalier, Respire Jazz se singularise d’abord par une programmation qui fait la part belle à la jeune génération des musiciens français. Pas étonnant puisque le fondateur et directeur artistique est Pierre Perchaud, trentenaire lui-même. Guitariste que l’on a pu apprécier au sein de l’ONJ version Daniel Yvinec, du quartet de Charlier & Sourisse ou aux côté de Chris Cheek ou de Michel Portal, la nouvelle garde des jazzmen français est constituées de ses potes mais il écoute aussi beaucoup ceux qui sont encore plus jeunes. Et il sait les mélanger avec habileté dans ses programmes à des seniors ou des valeurs confirmées. Philip Catherine, Jerry Bergonzi, Chris Cheek, Jorge Rossi ou Youn Sun Nah ont ainsi pris un immense plaisir à se retrouver au milieu de nulle part, en plein milieu de la campagne charentaise.
Car Pierre Perchaud a voulu créé ce festival dans sa Charente natale et il a trouvé, à une trentaine de kilomètres au sud d’Angoulême, une ancienne abbaye qui lui offre un cadre de rêve où s’installe chaque année au début de l’été une quarantaine de bénévoles qui s’affairent en tous sens pour donner naissance à l’évènement. Pas étonnant que l’on tombe sous le charme de cette ambiance champêtre où l’on écoute la musique assis sur des bottes de paille. On y mange bio sous les arbres et on y boit bio à la buvette, autre singularité de l’évènement, comme si on préparait ici le monde de demain.
Et, après les concerts, carte blanche est donnée aux musiciens pour des jam sessions qui peuvent durer jusqu’à l’aube. On se rappelle encore d’Anne Paceo qui, après son concert, ne lâchât pas sa batterie avant quatre heures du matin. Cette ambiance de club de jazz à ciel ouvert est une autre particularité attachante de Respire Jazz, comme si le festival voulait montrer que la musique ne se fait pas que sur scène à un mode tarifé mais qu’elle peut se respirer à pleins poumons tout au long de la journée et de la nuit.
Philippe Vincent