Parodies
Sylvain Guérineau : ts-bcl / Fred Marty : b
Creative Sources Recordings
Date de sortie : 08/02/2023
Encore deux musiciens ignorés par le Dictionnaire du Jazz : Sylvain Guérineau et Fred Marty. Si l’on peut raisonnablement admettre l’absence du second de par son jeune âge (rappel : un jeune musicien français l’est jusqu’à la cinquantaine), cela semble inadmissible pour le second, actif sur la scène jazz hexagonale depuis une bonne cinquantaine d’années. Eh oui, ami Sylvain : tu dois encore faire tes preuves, persévérer. Autant en rire et ne plus s’énerver. Ecoutons-les plutôt dans Parodies. Expliquons pour les derniers de la classe : la parodie en musique s’applique à une relecture d’une partie d’une œuvre au sein d’une autre œuvre. Ainsi les innombrables parodies de JSBach au sein de ses propres cantates.
Donc Parodies. Sobriété du langage. Dominante jazz. Résistance à l’épreuve du temps. Qui, aujourd’hui, pour ne pas jouer jeune ? Qui, aujourd’hui, pour ne pas jouer vieux ? Eux précisément. Guérineau au ténor : un son épais comme un bon vin. Guérineau à la clarinette basse : petit frère du Guadalquivir d’André Jaume. Marty à la contrebasse : de la rondeur sans outrance. Et de la confiance avant toute chose. Titres-jeux de mots (spécialité guérinesque) et toujours cette chaleur spontanée, partagée. Guérineau-Marty : richesse du don et de l’échange. Musique hors banque, hors stratégie.
Rustiques
Jean-Marc Foussat : synt AKS-Jouets-v / Sylvain Guérineau : ts-bcl
Fou Records / Les Allumés du Jazz
Date de sortie : 09/04/2023
Jean-Marc Foussat, lui aussi, est un illustre inconnu au sein du Dictionnaire du Jazz. Ingénieur du son ayant collecté un nombre incalculable de concerts, musicien-improvisateur trainant son antique synthétiseur AKS aux quatre coins de l’hexagone et, aujourd’hui, directeur de Fou Records, essentiel label quant au témoignage de la chose improvisée européenne, on explique mal son absence.
Ici, l’étrangeté de l’AKS (ne parlons surtout pas d’habillage sonique) sait parfaitement s’accorder avec les phrasés du saxophoniste. C’est encore plus évident quand Sylvain Guérineau souffle dans sa clarinette basse et que les deux instruments s’entichent de fréquences basses avant de s’entortiller et de se contorsionner puis d’arpenter de vastes et amples contrées. Maintenant, le saxophoniste étire la note tandis que le claviériste impose un leitmotiv obsédant aux multiples ramifications. Nullement troublé, solide comme un roc, Guérineau suit son chemin qui est celui d’un jazz pouvant s’acoquiner à toutes les sauces. Mais l’on parlera plutôt d’un banquet royal tant se multiplient et se croisent les effets, les textures, les intensités, les contraires, les connivences, les confidences. Et les émotions, tiens pardi !
Luc BOUQUET
PS : cède Dictionnaire du Jazz. Excellent état. Très peu servi.