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C.C. Grégory Tonon

Vincent PEIRANI

C.C. Grégory TononPour la deuxième fois depuis sa création en 1955, l’Académie du Jazz décerne cette année le Prix Django Reinhardt à un accordéoniste. Après Richard Galliano en 1992, c’est un autre niçois d’origine qui est couronné « meilleur musicien français de l’année » et ce n’est que justice pour Vincent Peirani tant il a, ces derniers temps, inondé la scène du jazz de son talent, symbolisant cette ouverture aux différents mondes musicaux qui caractérise de plus en plus le jazz de ce début du vingt et unième siècle.

Alors qu’il n’est qu’au milieu de la trentaine, cet immense gaillard de 2 mètres 05 a déjà accumulé une somme impressionnante de connaissances musicales tous azimuts. Comme beaucoup de musiciens de sa génération il a commencé par acquérir une solide formation classique (à l’accordéon mais aussi à la clarinette), décrochant plusieurs prix en Europe tel une « bête à concours » qui aurait gardé l’esprit de compétition du sportif qu’il fut avant d’être musicien. Mais l’adolescent surdoué fut stoppé dans son ascension par une grave maladie qui lui fit mettre la musique entre parenthèses pendant presque deux ans. Il se sentit abandonné par un milieu qui ne voyait en lui qu’un prodige et lorsqu’un pote lui apporta sur son lit de douleur un disque de Bill Evans et un autre de Sixun, il se dit qu’il jouerait cette musique s’il sortait de l’enfer. Les portes de la guérison grandes ouvertes, il intégra donc le département jazz du CNSM où il alla quérir là aussi un Premier Prix avant de commencer à se produire avec des musiciens ou des groupes de tous horizons : Humair, Portal, Sclavis, Texier Garcia-Fons pour le jazz, Art Mengo ou Sanseverino pour la chanson, Les Yeux Noirs et Serena Fisseau en world music mais aussi Roberto Alagna et François Salque pour la musique classique qu’il n’avait pas oubliée.

Aujourd’hui, si on le voit souvent au sein des groupes de Youn Sun Nah ou de Daniel Humair, il se consacre aussi à ses propres projets comme celui de son superbe disque « Thrill Box » parus chez ACT il y a quelques mois (« c’est mon folklore à moi » nous dit-il) ou de ses duos avec Michel Portal ou Emile Parisien. Il faut dire que ce jeune saxophoniste, lui aussi lauréat de l’Académie du Jazz l’an dernier, est un véritable « frère de musique » pour Peirani. Copains dans la vie, complices sur scène, ces deux jazzmen d’un genre nouveau pratiquent, en concert, un échange d’une rare intensité. De plus en plus, c’est aussi l’occasion d’entendre l’accordéoniste chanter à l’unisson d’un instrument qu’il a domestiqué depuis longtemps et qu’il veut novateur. Virtuose, musicien jusqu’au bout des ongles mais aussi chambreur et plein de fantaisie, Vincent Peirani sera encore l’un des grands talents à ne pas manquer en 2014.

Philippe VINCENT

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