Deux rencontres à Koa Jazz

Festival itinérant à travers la métropole montpelliéraine, Koa Jazz a fait le choix d’ouvrir plus encore sa programmation à de nouvelles émotions et découvertes.
Notre rédaction en a retenu deux, bien contrastées. L’une est européenne et dans un lieu patrimonial, l’autre états-unienne et dans un club de jazz.
J.Paul Gambier était au Musée des Moulages pour écouter l’impro solo de Lynn Cassiers, qui lui a accordé une interview juste avant son concert du soir avec le trio Zylia.
Pour sa part, Florence Ducommun nous offre un compte-rendu exhaustif du concert de Aaron Parks au JAM.
Deux angles de choix pour un festival inventif qui sait trouver son public.


Lynn CASSIERS

Interview J.Paul Gambier, le jeudi 9 novembre

Photos, Koa Jazz Festival


Aaron PARKS

Au JAM, samedi 11 novembre, le public se bouscule sous une pluie fine pour aller écouter le nouveau quartet du pianiste américain Aaron Parks dans le cadre du Koa Jazz Festival. Un retour à la musique acoustique pour ce dernier après des années de tournée avec son Little Big band électrique. Avec lui trois autres américain(e)s, la contrebassiste d’origine japonaise Kanoa Mendenhall, le saxophoniste ténor Ben Solomon et le batteur RJ Miller qui ont tous rejoint la ville de New-York pour déployer leurs talents respectifs. Pour faire bref, Aaron Parks, tout juste 40 ans, est un pianiste incontournable de la scène new-yorkaise non seulement en tant que leader, mais aussi en tant que sideman auprès de musiciens renommés qu’il serait trop long de citer. Quant à Ben Solomon, sa longue collaboration avec le pianiste Wallace Roney lui a permis aussi de fréquenter les plus grands. Ne vous fiez pas à la discrète contrebassiste ayant vécu longtemps sur la côte Ouest du côté de Monterey et San Francisco, car elle aussi est recherchée dans nombre de projets tout comme le placide batteur originaire du Maine.


Voilà donc le New Quartet qui va nous en mettre plein les yeux et les oreilles durant plus d’une heure trente. Le set démarre avec un entraînant et ancien “Anywhere Together” pour continuer avec deux ballades. La plupart des compositions sont nouvelles et n’ont pas encore donné lieu à un enregistrement. Le pianiste définit lui-même ce à quoi il tend avec cette nouvelle formation: “Il s’agit d’une musique avec une palette de couleurs harmoniques plus riche, avec des rythmes allant du swing à la méditation, et beaucoup de liberté pour communiquer et improviser ensemble en tant que groupe”. On ne peut pas mieux définir ce que nous avons entendu ce soir-là. Des passages fulgurants alternent avec de douces ballades, Aaron Parks mène autant qu’accompagne ses trois précieux acolytes, les écoutant les yeux fermés ou chantonnant doucement tandis qu’il joue. La contrebassiste au jeu élégant tout à fait essentiel est en symbiose également les yeux clos, le saxophoniste un peu sérieux aux allures de clergyman se retire parfois pour laisser la place puis revient en puissance ou en douceur au moment opportun. Quant à l’indispensable batteur, son jeu bien placé est un régal avec des éruptions parfois intenses comme dans “Cartoon Element” dédicacée à Ornette Coleman (bel anagramme). Un interplay parfait comme disent les américains, une conversation parfaitement équilibrée, variée, sans une seconde d’ennui, du grand art vraiment qui a soulevé l’enthousiasme de la salle pleine où chacun se serrait pour ne rien perdre de ce moment exceptionnel. Le set s’est terminé avec “Alice” , un hommage à la femme de Coltrane, puis avec un rappel, “Peace” parfaitement à propos comme le rappelle le pianiste, avec la triste actualité, que nous avons délaissée pendant tout ce concert. Le quartet venu du Portugal la veille va continuer sa tournée à Barcelone, Paris, Bâle, Londres, Copenhague puis enfin Amsterdam le 19 novembre. Nous avons donc été de petits chanceux ce soir-là!

Florence DUCOMMUN, texte et photos

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