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Gregory PORTER

Depuis quelques années l’art vocal est revenu sur le devant de la scène du jazz, une génération spontanée de chanteuses envahissant les ondes, parfois pour notre bonheur mais aussi souvent pour nourrir notre déception face à de jolies jeunes filles qui se contentent seulement de chanter à peu près juste.

La parité ne s’imposant pas par décret dans le domaine artistique, les hommes sont, en l’occurrence, réduits à la portion congrue d’un gâteau que beaucoup de ces dames n’auront pas toutes l’occasion de goûter dans la salle du banquet. Bien sûr Kurt Elling, David Linx ou Jamie Cullum ont été invités à la table, mais combien de Pierre de Trégomain ou de Bobo Moreno sont restés à l’office malgré leur talent. Il faut dire que tous sont blancs de peau comme de cordes vocales et il fallait peut-être une belle voix black pour reconquérir le terrain abandonné à la gent féminine.

Gregory Porter a donc une mission de sauveur et c’est sous la forme d’un gros bébé géant que le messie nous est apparu, coiffé d’une casquette à rabats soigneusement nouées autour du cou et qui semble ne jamais le quitter.

Formé à l’école de la comédie musicale où il a d’emblée joué les premiers rôles, Brother Greg a pris son envol il y a trois ans avec « Water », un album canon qui pourrait être celui de la réunification des musiques noires de toujours. Jazz, Blues, Soul, Gospel, tout est dans ce disque et son « tube » de douze minutes, 1960 What ?, qui rappelle les émeutes raciales qui dévorèrent Detroit au début des années soixante. Et « Liquid Spirit », son nouvel album paru chez Blue Note début septembre, en remet une couche.

Car tout le talent de ce baryton au grain de voix fabuleux s’exprime aussi bien dans les chansons évoquant les amours douloureuses que dans les textes rappelant l’histoire sociale et politique de l’Amérique noire. Qu’il chante Abbey Lincoln, Ramsey Lewis, Cole Porter ou ses propres compositions, on sent le background de la tradition afro-américaine qui coule dans ses veines.

Poignant dans les ballades et sachant mettre en valeur les mots par des arrangements rythmiques pleins de sens, son groove contagieux est en train de contaminer notre « vieille Europe ».

Amateurs de black music ne pas s’abstenir !

Philippe Vincent

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