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JUST LISTEN Festival / 3° édition

Démarré en 2017 sous l’impulsion du saxophoniste Sabir Mateen et du poète Steve Dalachinsky (décédé l’an dernier) le festival Just Listen dirigé par Aïda Belhamd retrouvait ses terres marseillaises le temps de trois soirées à la riche et variée programmation.

Avec l’aide précieuse du GMEM, centre national de création musicale, l’association Be Free désirait que se croisent musiques vivantes et mécaniques, improvisations et compositions contemporaines. Ce fut chose faite et magnifiquement

JEUDI 14 octobre / Nuit des Explorateurs chevronnés

Le festival débutait par une rencontre entre Christian Sébille, compositeur, artiste sonore et directeur du GMEM et Luc Bouquet, batteur-percussionniste. C’était la première fois que le batteur se retrouvait dans cette configuration singulière où l’électronique module et déforme les sons de ses futs et cymbales. Après un très court round d’observation, le duo étonne et détonne : un simple frôlement de peaux évoque un cataclysme sonique, l’archet sur la cymbale devient drone malicieux. Les deux musiciens s’amusent et créent un espace d’inédits à explorer et se surprennent à aller vers des rivages inconnus. Une expérience à rééditer.

Le piano machine de Claudine Simon c’est un sortilège de moteurs, de marteaux venant percuter les cordes du piano, de rythmes s’articulant et se désarticulant  grâce à une compositrice-pianiste dont la performance résonne d’une poésie sensible et délicate.

Le duo Funambule (Benjamin Duboc : contrebasse / Sylvain Kassap : clarinettes) n’eut pas à se plaindre de l’acoustique généreuse (autant le dire tout net : magnifique !) du lieu. Chaque inflexion salivaire de l’un, chaque frôlement sur la table d’harmonie de l’autre demeurait perceptible à chacun. Dialogue intime où prédominent murmures et susurrements mais où l’envolée n’est jamais bien loin et où les phrasés résonnent d’un naturel inouï. Ici, un pur moment de poésie et de fraternité. 

Vendredi 15 octobre / Nuit des défricheurs entêtés

Trois pianos occupent l’espace. Ce sont ceux d’Hélène Pereira. Ce sont ceux d’une pianiste qui ne craint aucunement d’enchaîner la Mysterious Adventure de John Cage au Duet for one pianist de Jean-Claude Risset, et ce,  sans le moindre accroc. Et avec un charme inégalable. Et d’interpréter pour la première fois une pièce de Luigi Esposito composée pendant la pandémie. 

Les petites jeunots d’Old & New Things (Daunik Lazro : saxophone baryton / Christine Wodrascka : piano / Bernard Santacruz : contrebasse / Luc Bouquet : batterie soit 261 ans d’âge à eux quatre) allèrent droit au but sans le moindre état d’âme. Improvisation tout sauf modérée où la transe affleure et s’invite à de nombreuses reprises. Entre introspection, ruades et recherche sonore s’immisce une Nefertiti ou un Love Supreme passant par là. Grand moment, longtemps espéré par les musiciens et partagé par un public subjugué. A suivre, Messieurs les organisateurs.

Les organisateurs nous avaient réservé une belle surprise. Sabir Mateen, coincé à Bologne et n’ayant pu participer au festival nous offrit en vidéo et en direct un court mais intense solo entre les deux concerts. Souffle toujours juvénile d’un saxophoniste  qu’il semble urgent de redécouvrir.

Samedi 16 octobre / Nuit des voyageurs magnifiques

C’est à l’Espace Montévidéo que se terminait le festival. Tristesse avec l’annulation de Fixin, installation performative du batteur Sylvain Darrifourcq, lequel se blessa quelques jours auparavant. Ce n’est, bien sûr, que partie remise.

La bassiste électrique Floy Krouchi ouvrit donc la soirée. Musique méditative et ouverte à tous les possibles, l’audience est transportée dans un monde où tout chaos est exclu. Floy ouvre son imaginaire, nous l’offre. A nous d’en emporter l’essentiel : la sensibilité par exemple.

Je n’ai pu assister au set de The Bridge / Crying Out Loud (Rob Frye, Jayve Montgomery / Simon Sieger / Olivia Scemama / Dan Bitney) mais à voir les visages réjouis des spectateurs sortant du concert, le doute n’était pas permis : cette nouvelle mouture de The Bridge a apporté ce soir-là joies et émotions fortes.

Ainsi s’achevait dans la joie et la satisfaction (public nombreux, soirée sold out le samedi) la troisième édition de Just Listen. En attendant le prochain festival, Be Free reste plus que jamais présent sur le territoire provençal  (solo/soliloque chez l’habitant, conférences et concerts en médiathèques, causeries…). Promis, on vous tient au courant.

Présent depuis le début l’artiste Benoit Guillaume dessine in situ les artistes du festival. Ses dessins sont en vente ici : https://benoitguillaume.org/concerts-1

Texte: Richard TRINCHERA
Dessins : Benoît GUILLAUME

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