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Live in OttoBrunn

Martial Solal

Martial Solal (p)

GLM Music

Date de sortie: 23/12/2022

Je l’avoue sans difficulté, depuis que j’écoute du Jazz avec la passion que cette musique mérite, je suis un fan inconditionnel de Martial SOLAL dont je suis l’évolution et la longue et brillante carrière fort bien remplie avec le plus grand intérêt et la plus vive admiration.

On pourrait penser qu’à plus de 90 ans le génial musicien aurait décidé de prendre une retraite bien méritée et de délaisser les salles de concert et les studios d’enregistrement qu’il fréquente depuis plus de 70 ans, mais grâce à Dieu il n’en a rien été, et Martial SOLAL a continué de nous enchanter et de nous étonner sans qu’on puisse déceler dans son jeu de piano la moindre défaillance technique ou un manque d’inspiration dues à son grand âge.

Car c’est un jeune homme qui nous régale et nous enchante encore avec l’enregistrement d’un  double album en piano solo – la discipline la plus exigeante en matière de Jazz – à plus de 9O ans donc.

Ce double album a été capté en public le 14 décembre 2018 dans la ville d’Ottobrunn en Allemagne, non loin de Munich, sur l’invitation de son ami pianiste Cornelius Otto KREUSCH (né en 1968), au Wolf Ferrari Haus, un auditorium de 400 places à l’excellente acoustique nommé en hommage au compositeur italo-allemand Ermano WOLF FERRARI (1876-1948), dans le cadre du 5ème Klavier Festival organisé dans la ville.

Les 15 titres sont répartis sur deux disques avec 5 compositions de Martial SOLAL, des standards de Jazz ultra connus, et un réjouissant « Happy Birthday ».

On démarre avec le « My Funny Valentine » de Rogers and Hart introduit dans les notes graves du piano, et le célèbre saucisson se voit transformé avec facétie et allégresse sous les doigts du pianiste ; « Histoire de Blues » est un thème de SOLAL qui revisite le blues à sa manière ; on ne présente plus « Tea for Two » tiré de la comédie musicale « No No Nanette » de Youmans et Caesar, prétexte à une longue improvisation très virtuose et très libre qui reste assez près du thème avec au final une partie de basse roulée ; un medley de Duke ELLINGTON réunit trois compositions très connues du maître : « Caravan », « Sophisticated Lady » et Satin Doll », qui s’étalent sur près de 10 minutes et se mélangent fort habilement au gré de sa fantaisie ; autre standard « I’ll Remember April » présenté par Martial SOLAL « qui se souviendra de Munich » ; « Brother Jack » second thème de SOLAL qui commence par « Frère Jacques », ce qui fait rire le public ; « Lover Man » a fait la fortune du pianiste portoricain Ram RAMIREZ (1913-1994) ici très librement adapté ; « Cherokee » de l’anglais Ray NOBLE (1903-1978) dont les boppers se sont emparés pour en varier la grille harmonique vient conclure ce premier CD éblouissant.

Le deuxième CD s ’ouvre avec une longue « Improvistation » signée Martial SOLAL avec une citation en introduction du célèbre « I Can’t Get Started » popularisé par le trompettiste Bunny BERIGAN (1908-1942), qui exploite toutes les techniques du pianiste. « Coming Yesterday », un thème de quatre notes du maître qui rappelle un peu la musique qu’il avait écrite pour le film de Jean-Luc GODARD « A bout de Souffle » et qui est aussi le titre de son dernier album solo salle Gaveau à Paris (23 janvier 2019) ; on ne présente pas « Happy Birthday » (bon anniversaire) là aussi prétexte à des variations diverses et joyeuses autour de la chansonnette ; « Here’s that Rainy Day » autre standard de Jimmy VAN HEUSEN (1913-1990) repris par Frank SINATRA (1915-1998), Solal reste assez près de cette belle mélodie. « Round Midnight » est l’un des chef d’œuvres du pianiste et compositeur Thelonious MONK (1917-1982), devenu l’un des thèmes les plus joués dans le jazz, ici magnifiquement mis en valeur par le pianiste au sens harmonique si sûr au cours d’une longue improvisation très libre ; « Köln Duet », du maître, un petit motif guilleret sur une note  suspendue, qui se termine par une citation de « Salt Peanuts », enfin dernier thème de ce superbe concert « My One and Only Love », de Guy WOOD, par accords serrés très dynamiques, ce superbe récital se termine sous les applaudissements d’un public conquis.

Quelle inventivité, quelle liberté, quelle étonnante faculté d’improvisation sur n’importe quel thème ; quelle riche invention harmonique et rythmique avec cette impressionnante technique toujours teintée d’humour et de fantaisie que l’on reconnaît immédiatement comme étant son style propre, Martial SOLAL nous emporte au gré de sa fantaisie, de sa grande inventivité, de sa joie de jouer si communicative, c’est toujours un régal de suivre les méandres de sa pensée musicale si riche au service d’un jazz séduisant qui vous met en joie et vous surprend toujours.

Bravo, maître, bravo et merci de tout cœur pour toutes ces années de musique qui ont marqué plusieurs générations d’auditeurs et d’amateurs –  une carrière si longue et si riche de belles rencontres qui nous a passionnés, émus et étonnés depuis de nombreuses années.

Un double album qu’il faut absolument avoir sur sa table de chevet.

Michel d’ARCANGUES

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