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Rudy Van Gelder, le son du Jazz

Le 25 août 2016 disparaissait Rudy Van Gelder, à l’âge de 91 ans, l’un des plus grands ingénieurs du son de l’histoire de la musique enre

gistrée du XXème siècle. En un peu plus de cinquante ans d’activité, il était vite devenu la référence dans le domaine du jazz et son nom restera associé pour toujours à ceux d’Alfred Lion et de Francis Wolff quant à la production des disques du légendaire label Blue Note dont il enregistra presque tous les albums de 1953 à 1967. Mais réduire sa carrière à cette collaboration ne rendrait pas justice à ce  chef d’orchestre de l’ombre.

Né en 1924 dans le New Jersey, Van Gelder exerça pendant plusieurs années le métier d’opticien mais, dès le début des années 50, il commença à recevoir des musiciens dans la maison de ses parents pour des séances d’enregistrement. C’était à Hackensack, toujours dans le New Jersey, et son talent ajouté à des tarifs imbattables et à une proximité très pratique de la ville de New-York firent que les plus grands musiciens de l’époque se succédèrent très vite chez ce sorcier du son. Miles Davis, Coltrane, Rollins, Monk, Art Blakey défilaient dans le salon paternel pour enregistrer leurs plus grands chefs d’œuvre. Au point où le preneur de son, en 1959, arrêta son premier métier pour se faire construire un vrai studio à Englewood Cliffs, toujours dans le New Jersey. Il put ainsi enregistrer plus de 2000 albums de jazz au service des plus grands labels  (Prestige, Verve, Impulse, CTI), à tel point que chacun d’entre eux avait un jour réservé dans son studio (le vendredi pour Blue Note). Les petits indépendants ne furent pas en reste non plus, eux qui voulaient souvent l’onction du maître pour leurs jeunes poulains.

Discret par nature, Rudy Van Gelder ne se répandait pas en interviews pour expliquer la technique qu’il avait érigée en art. On sait néanmoins qu’il fut l’un des premiers à utiliser les fameux micros allemands Neumann et il avouait simplement que tout son travail consistait à bien disposer les musiciens dans le studio et à faire de même avec les micros autour d’eux pour que le son puisse s’épanouir avec réalisme. On remarquera aussi qu’il accordait une attention spéciale aux rythmiques et à la batterie en particulier, la pulsation étant un élément majeur du jazz. Il avouait qu’il était arrivé dans le métier à une époque où la qualité des équipements et celle des disques étaient alors incapab

les de rendre ce que faisaient les musiciens sur scène, regrettant parfois de ne pas avoir pu bénéficier de techniques plus modernes. Ne refusant pas les nouvelles technologies si elles lui paraissaient apporter vraiment quelque chose, c’est lui qui réussit à convaincre Alfred Lion, au début des années 60, d’enregistrer ses nouveaux disques en stéréo.

Dans une deuxième moitié du XXème siècle où le progrès technique avançait à pas de géant, Rudy Van Gelder contribua beaucoup à élever les standards de l’enregistrement, devenant en même temps une icône du jazz au même titre que les musiciens géniaux à qui il permit de graver leurs plus belles pages.

Philippe VINCENT       

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