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C.C. bladsurb

Claude TCHAMITCHIAN

C.C. bladsurbDes solo, duo, trio à cordes de boyaux ou de métal, frottées, caressées, arrachées, jusqu’aux protéiformes mouvances du « Lousadzak», Claude Tchamitchian interpelle avec cette citation d’André Gide : «Le monde ne sera sauvé, s’il peut l’être, que par des insoumis ».

Introduisant dans ses compositions-improvisations, des influences folkloriques d’origines arméniennes, mêlées aux langages d’un jazz né des oppressions d’esclaves et des contrepoints d’une autre « West Coast », Tchamitchian rappelle cette forme de résistance musicale révoltée des deux Charlie, Mingus et Haden, avec leurs respectifs « Moins qu’un chien; Fables of Faubus », et « Liberation Music Orchestra », autant par l’esprit , que pour leur instrument commun, la contrebasse, cœur battant de la pulsation orchestrale.

Seule, la guitare de Boni surgit, « Après la dune », sur d’imperceptibles sonorités de luth médiéval et d’oud oriental aux fulgurances gitanes, Tchamitchian lance un puissant ostinato, entêtant, la musique enfle comme un rythme arabo-andalou, frisson enivrant s’élevant dans une spirale ascendante, corps à corps, cordes à cordes, intense émotion de la fusion des sons, la musique progresse, aventurière, sur les claquements de cordes de deux frères d’âmes.

Comme un blues émergeant des eaux boueuses du Mississippi et du Bosphore, Alto, Violoncelle et Contrebasse dansent sur « les palais oubliés », les cordes d’Amarco chantent, vibrent, leur beauté stupéfiante amène des larmes jusqu’au « souffle de l’ivresse », tandis que les fantômes de Ligetti, Bartok et Kurtag, planent sur le son de ce vibrant trio, tragi-magique.

Brefs chassés croisés des saxophones aylériens de Lazro, Charles et Corneloup, explosion sonore cataclysmique du « Grand Lousadzak », Stéphan Oliva stoppant seul le chaos, de ses accords répétitifs, avant que l’orchestre ne balance un nouveau souffle puissant, encore interrompu par le piano, dans une improvisation dissonante.


A l’improviste : Claude Tchamitchian par francemusique

La « Basma suite », brille d’éclats free, de fanfares balkaniques, de tremblements telluriques, dialogue bruitiste pour le trombone de Madiot et le baryton de Corneloup , beauté frémissante de la clarinette portée par un leitmotiv félinien, Canape brille de mille feux sur son bugle, Lousadzak pulse, porte la trompette de Cappozo, clarinette étranglée de Charles, l’orphéon swinge puis se dérègle sur la folie hystérique des cuivres, le trio rythmique propulse la masse orchestrale qui gronde, Oliva, Tchamitchian, Echampard enchevêtrent binaire et ternaire sur les nappes superposées des strates sonores de l’orchestre, Deschepper électrise l’air, danse slave des cordes préfigurant « Amarco ».

Tchamitchian malaxe ardemment les masses brutes de son « Grand Lousadzak », entre écriture et improvisation, souffle lyrique et orchestrations sauvages.

L’archet caresse, chante, prolonge les vibrations d’harmoniques sur des paysages mélancoliques, plongée dans les profondeurs insondables du bois, pizzicato vifs et nerveux, chant toujours sur

l’archet pour Jenny Clark, swing puissant pour Peña, déflagrations pour Kowald, gravité pour les enfants, « Another childhood », Claude possède le son. Danse, chante contrebasse.

Christian Pouget

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