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Mary, Noël, Bill et les autres …

« Loving Highsmith »

Noël Akchoté : g / Mary Halvorson : g / Bill Frisell : g

Ayler / Orkhêstra

Peut-être que vous n’en saurez pas plus sur la romancière Patricia Highsmith et sur le portrait qu’a réalisé la cinéaste Suisse Eva Vitija après l’écoute de ces deux disques mais vous aurez au moins découvert deux duos hors normes. Hors du troupeau même car Mary Halvorson et Noël Akchoté ne sont pas des guitaristes pour guitaristes mais des musiciens avançant sans le souci des reconnaissances. Ainsi en dialogue intime (CD 1), souvent en unisson, mandolinant presque, leur duo n’est ni rêche, ni transversal, ni noise, ni standard, ni country. Il est. Tout simplement. Il est comme ces premières jams enregistrées sur nos vieux enregistreurs K7 que l’on réécoute trente ans plus tard en se disant que l’essentiel était déjà là, sans fioritures, sans trop d’effets, sans trop de questions. Juste une intimité que l’on partage et recherche, loin des séances de travail. Juste l’envie de jouer. En ces temps où l’on ramasse les confusions à la pelle, ce disque sera-t-il une bouteille à la mer de plus ?

Après (CD 2) un trio Mary-Noël-Bill où se détraque l’harmonie (coupable : Mary) et avant quelques plages en solo de Noël (admirables celles en acoustique), voici le duo Noël AkchotéBill Frisell. Contrepoints toujours ajustés et fertiles, dialogues sans commentaires, respect des espaces (jamais de surje ou de bruitisme mal venu), tout se joue dans la clarté, sans ombre au tableau. Bien trop dénudé pour intéresser les casse-cou de la six cordes, ceux pour qui l’exploit technique ou sportif laisse indifférent trouveront ici matière à hurler leur joie.

L’essentiel rien que l’essentiel.


« Belladonna »

Mary HALVORSON

Nonesuch / Warner

Poursuivant un chemin consistant à ne jamais regarder en arrière (ou si peu), Mary Halvorson se frotte pour la première fois à l’écriture pour quatuor à cordes. Et si l’on retrouve ici quelques traits entendus jadis aux côtés de la violoniste Jessica Pavone (mais c’était il y a longtemps), la guitariste choisit d’abord de composer pour le quatuor Mivos (Olivia De Prato, Maya Bernardo, Victor Lowrie, Tyler J. Borden) puis d’ajuster son improvisation par la suite.

Bien plus que d’improvisation, il s’agit surtout d’apposer une seconde ligne mélodique, de densifier le contrepoint ou de faire de l’ornement une matière première. La liberté que s’offre Mary se retrouve dans ses interventions baroques, toujours au bord de la déformation et de la glissade (la fameuse Line 6DL4) sans que jamais le quatuor ne passe au second plan.

Ecriture nostalgique pour le quatuor (on ne fait que frôler la dissonance) souvent vivifiée par les interventions de la guitariste ou parfaite union-réunion des esthétiques, le nouveau chemin emprunté par Mary Halvorson n’est pas pour nous déplaire.


« Amaryllis »

Mary HALVORSON

Nonesuch / Warner

Où l’on retrouve le Milos Quartet mais cette fois-ci associé à un sextet (Adam O’Farrill, Jacob Garchik, Patricia Brennan, Nick Dunston, Tomas Fujiwara, Mary Halvorson). Avant cela, ce même quartet avait ouvert les débats d’Amaryllis : mesures impaires où se déploient thèmes vifs et solos énergiques, tempos ouverts où se télescopent les fusions, riffs frondeurs ; Mary Halvorson gâte ses compositions et délaisse quelque peu sa guitare.

La rencontre entre quatuor à cordes et sextet jazz (pour aller vite) fait se superposer effluves jazz et impros contemporaines mais au final c’est la consonance qui gagne la partie. Et à cette occasion, Mary retrouve la magie de ses solos altérés. A l’arrivée un disque ambitieux mais partiellement abouti. Du moins, est-ce mon avis.  A suivre…

Luc BOUQUET

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