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NEIGEN au Confort Moderne

Les trouvailles, comme pépite à l’orpailleur, adviennent par surprise, par chance,
car l’invention ne se décrète pas” 

peut on lire dans les notes de pochette de neigen. (Nicolas Souchal, Michael Nick, Daunik Lazro, Jean-Luc Cappozzo). Et neigen, enregistré début 2020, est une pépite de l’indispensable label AYLER RECORDS

Le 9 novembre 2021, Nicolas Souchal retrouvait ses compagnons d’aventure dans la salle d’exposition du Confort Moderne à Poitiers [JAP] pour un concert qui restera parmi les plus marquants de la saison.
Pour JAZZ IN, il revient sur l’événement.

L’enregistrement de neigen début 2020 avait constitué un plateau de kiff durant trois jours – les bonnes personnes, au bon endroit : la Cappozzone chez Jean-Luc et Florence. Parmi les bonnes personnes, il faut noter une première collaboration avec Céline Grangey, « donneuse plutôt que preneuse de son », comme dit Daunik. Ensuite, le premier confinement arrivant, Daunik et moi avons eu tout le temps, en ping-pong-mails, d’écouter, de commenter l’ensemble des prises, de composer le disque (et même d’écrire un texte). Bref, j’avais les oreilles gorgées du son de neigen dans la Cappozzone, du travail de Céline, et de la mise en forme du disque, or ce qui arrivait était une autre histoire : un concert !


La proposition de Renaud Baillet de jouer dans la galerie d’exposition du Confort Moderne m’avait laissé a priori dubitatif, je nous imaginais noyés dans ce grand espace réverbérant… à tort ! Ce fut juste ce qu’il fallait pour cette formation. Comme le décrit bien Philippe Alen dans sa chronique du concert : « L’espace choisi, la grande salle ; l’emplacement choisi contre le mur, face à l’entrée, le déploiement des musiciens, sur une ligne, au cordeau face au public, tout cela reflétait un soin méticuleux porté solidairement aux deux faces selon lesquelles la musique s’envisage, sa production et sa réception. » Cette disposition en ligne a probablement favorisé une distribution des rôles.


Daunik et Jean-Luc centraux, parfois piliers ancrés, imprimant une direction. Michael et moi plutôt périphériques, provoquant des changements de trajectoires par induction. En somme, avec les modalités d’interactions propres à cet espace, nous avons pratiqué notre activité d’improvisateurs : « aspirer à l’imprévisible, dans une relation de confiance réciproque ». Dans la mise en commun de nos sons, j’ai ressenti cette aspiration, cette attention à ce que tout reste ouvert. Cela a concouru à cette forme intense, qui avance, qui laisse aller les trajectoires divergentes là où elles nous mènent, qui incorpore ce qui advient. Un concert où on est continument en tension vers l’instant suivant, jusqu’à l’évidence de ce « choral » conclusif.


Grâce à l’accueil réservé par l’équipe de Jazz à Poitiers, les retrouvailles furent simples et évidentes. Et grâce à la riche prise de son de Raphaël Guitton, une trace sera bientôt disponible.

En attendant : https://ayler-records.bandcamp.com/album/neigen

Texte, Nicolas Souchal
Photos, Jean-Yves Molinari

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